On dénombre une bonne dizaine de hordes noires baptisées Azazel, démon biblique et gardien du Grand Bouc. Celui auquel s'intéresse les quelques lignes de cette chronique est finlandais et figure parmi les plus anciens prêtres de la chapelle impie du pays des mille lacs, gravant en 1993 la séminale démo Crucifiy Jesus Christ Again. Un EP trois ans plus tard (The Night Of Satanachia) puis le groupe est avalé par les limbes dont il ne s'échappera réellement qu'en 2011 par l'entremise d'une alliance scellée avec le vilain Goatmoon et ce, quand bien même, son corps endormi s'était remis à frétiller quelques années auparavant sans qu'aucune semence n'en soit alors éjaculée.
De la formation originelle ne reste plus que le chanteur (et jadis batteur) Lord Satanachia, lequel maintient Azazel en vie, épaulé à un moment ou à un autre par à peu près tout ce qui rampe dans les profondeurs de la cave finlandaise. Les goules qui ont joué à ses côtés peuvent ainsi remplir un bottin ou se côtoient Barathrum, Goatmoon (encore), Slughator, Blood Red Fog, Saturnal Mist et beaucoup d'autres encore. Il ne manque que Anal Blasphemy ou Horna pour que la liste des groupes de black issus de cette terre coincée entre la Suède et la Russie soit complète !
Un gage de qualité mais aussi d'orthodoxie car Azazel résume à lui seul cet art noir au goût de soufre tel qu'il est généralement martelé là-bas, sale comme le sang menstruel et forcément blasphématoire. Succédant - enfin ! - à Jesus Perversions (2012) et à Witches Deny Holy Trinity (2015), Aegrum Satanas Tecum évoque de fait cet univers evil et obscur dont son géniteur a contribué à fixer le credo avec Beherit voilà presque trente ans. Sa pochette que signe l'inévitable Chris Moyen flotte comme un étendard diabolique, écrin aussi maléfique que cadavérique d'une hostie carburant à un satanisme poissé de sperme.
Le groupe dresse une lourde hampe d'où s'écoule un jus malsain et ténébreux tout ensemble. Fidèle à la tradition, Azazel ne propose pas un black metal compliqué ou tortueux mais au contraire véloce et fielleux sans toutefois être vierge de touches mélodiques étouffées. Sans être fermé non plus aux obsédantes reptations qui perforent la majorité des compositions. Les Finlandais aiment accoupler un tempo soutenu et des saignées quasi thrash à de vicieux coups de boutoir, comme l'illustre le délicieux 'Jesus Christ Impotent Rotting Saviour' que des guitares accordées plus bas que terre percent de béantes cavités au fond desquelles bouillonne un foutre morbide. Résonnant comme un lointain et bestial écho, le chant de Lord Satanachia répand sur ce sinistre charnier sa bouillie inaudible, véritable marque de la Bête.
Obole très courte, Aegrum Satanas Tecum dévoile un Azazel impérial, orthodoxe dans le fond, vicieusement macabre dans la forme, taillé dans cette écorce rêche et impie typique de l'art noir finlandais. (29.08.2021 | LHN) ⍖⍖
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