8 avril 2022

KröniK | Antedeum - Venite Adoremus Et Procidam (2021)




Il arrive parfois que des carrières s’apparentent à de véritables chemins de croix, parcours accidentés qui collent d’ailleurs parfaitement au doom, musique dramatique qui a la douleur chevillée à l’âme. Tel est le cas de Antedeum, obscur projet breton dont les presque trente ans au compteur devraient faire de lui un vétéran du genre mais rappelle surtout que la notoriété ne se calcule pas en additionnant le nombre d’années. 

Né en 1993 sous le nom de Sizzle, le groupe n’a en vérité fait que vivoter depuis lors, ne griffonnant que trois petits brouillons entre 1996 et 2002 avant, semble-t-il, de disparaître, avalé par les limbes. Les Français auraient pu en rester là et rejoindre la longue litanie de ces formations artisanales qui ne franchissent jamais l’étape des démos. Pourtant, en 2019, son dernier membre fondateur, le chanteur et batteur Franck décide de briser le sommeil dans lequel végétait Antedeum depuis une période indéterminée. Pour ce faire, il recrute deux musiciens, Deni à la guitare et à la basse et Ethan auquel il confie les fûts. Deux lives sont gravés peu après, préparant le terrain à Venite Adoremus Et Procidam, EP résurrectionnel qui scelle clairement un nouveau départ pour cette entité confidentielle dont on souhaite qu’elle ne le reste plus. 

Elle le mérite comme en témoignent les six pièces qui remplissent cette étonnante obole. Etonnante parce que le doom qui est récité s’exprime avec un mélange de liberté et de sévérité. S’il reste quelque chose du doom death des années 90, à l’image de l’épique ‘Those Who Wait’ qu’irriguent ces guitares contrites et charbonneuses, de multiples détails viennent perturber cette lecture. Le recours fréquent à des choeurs, des lignes de guitares  parfois davantage nourries au heavy metal qu’au doom pur et dur (‘When The Centuries Fade’), un tempo oppressant qui appuie franchement sur le death (‘A.K.O.W.’) sans oublier les miasmes dark ambient  répandues par le terminal ‘Introit – The Timeless Mechanism’, grignotent ainsi un menu protéiforme à l’architecture par ailleurs toute aussi curieuse car mitée par deux pistes instrumentales dont les arpèges squelettiques et forestiers évoquent le dolorisme du gothic doom de jadis.

Les idées sont là, aussi nombreuses que belles et, à l’arrivée, en dépit d’un certain manque d’unité, Venite Adoremus Et Procidam intrigue autant qu’il fascine, ouvrant un chemin prometteur pour Antedeum dont on espère qu’il n’en restera désormais pas là, fort de cet opus qui ne fait que déflorer un potentiel qu'on devine plus bourgeonnant encore. (25.08.2021 | LHN) ⍖⍖

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