Au début des années 80, Hollywood redécouvre une partie de son patrimoine dans lequel il puise des remakes de films noirs tels que Scarface (1983) ou Le facteur sonne toujours deux fois (1981). Inspiré de La griffe du passé (1947) de Jacques Tourneur, Contre toute attente compte parmi ceux-ci.
Femme fatale mémorable de l'œuvre originale, Jane Greer est convoquée pour un rôle secondaire mais d'une dureté impitoyable tandis que Richard Widmark endosse pour la première fois depuis longtemps les habits d'un de ces beaux salopards qui l'ont imposés dans la seconde moitié des années 40. S'il demeure aujourd'hui moins célèbre que la chanson de Phil Collins qui rythme son générique de fin, Against All Odds confirme pourtant à l'époque le talent de Taylor Hackford qui vient alors de triompher grâce à Officier et gentleman (1982). Avec intelligence, il troque la noirceur crépusculaire de son modèle pour une atmosphère chaude et sensuelle. De fait, il tire davantage son film vers un romantisme torride et poisseux lors des séquences mexicaines, théâtre de la copulation entre Terry et Jessy.
Mais et nonobstant la beauté épicée de Rachel Ward, qui ne peut toutefois rivaliser avec le charme trouble et vénéneux de son aînée, Contre toute attente tire avant tout sa force et son intérêt de la rivalité entre Jeff Bridges et James Woods dans les rôles respectivement assurés par Robert Mitchum et Kirk Douglas. Cette opposition de caractère se pare d'une évidente dimension sexuelle. Ainsi, la course de voitures opère comme la métaphore de deux mâles qui s'affrontent tandis que l'un (Terry) affiche une virilité élancée et l'autre (Jake) arbore une blessure à la jambe qui peut être perçue comme une forme d'impuissance sexuelle sinon de castration.
Cependant frappé du sceau des années 80, Contre toute attente n'a pas échappé aux affres du temps et parait aujourd'hui quelque peu daté dans sa patine. La mise en scène élégante de Taylor Hackford, le jeu impeccable des comédiens et une histoire tordue dont les pièces s'assemblent peu à peu assurent malgré tout un hommage sincère aux films noirs des années 40. (vu le 11.07.2021) ⍖⍖
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