Charlton Heston est apparu dans plusieurs (très) grands films de science-fiction tels que La planète des singes (1967) ou Soleil Vert (1973). Le survivant n'en fait pas partie. Tel aurait pu - ou dû - pourtant être le cas. L'association entre le comédien et Richard Matheson dont est adapté Je suis une légende (1954), l'un de ses plus fameux romans avec Le jeune homme, la mort et le temps (1975), promettait une jubilatoire bobine de S.F..
On y croit néanmoins le temps d'un premier tiers excellent durant lequel Heston parcourt la ville de Los Angeles déserte à bord d'une voiture. Seul au monde. Il a tous les magasins pour lui et s'offre une séance de cinéma privée (le Woodstock de Michael Wadleigh). Qui n'a pas rêvé de pouvoir se servir ainsi dans les boutiques sans avoir à payer ni voler ? L'acteur y exprime parfaitement la solitude de son personnage, dernier survivant d'une guerre bactériologique. Dernier ? Du moins le croit-on.
Notre enthousiasme diminue alors d'un cran avec l'apparition des mutants emmenés par Anthony Zerbe, gourou d'un nouvel âge. Mais les maquillages ridicules de ces silhouettes encapuchonnées extraites d'un Moyen Âge sombre et inquisiteur sèment davantage le sourire que l'effroi tandis que la musique de Ron Grainer en total décalage avec la gravité du sujet, n'aide pas à prendre ces images aux sérieux. Reste quand même Charlton faisant tous les soirs le siège de son appartement et répétant des gestes immuables.
Avec l'apparition d'autres miraculés, The Omega Man se dilue enfin dans un banal récit post-apocalyptique timidement coloré d'une touche de blacksploitation que Boris Sagal emballe comme un téléfilm. Son histoire vidée de sa dimension philosophique et de sa variation sur le vampirisme, Richard Matheson s'est senti trahi par cette adaptation. A raison. Heston sauve heureusement Le survivant par sa robuste présence. Mieux vaut (re)voir la première adaptation signée Sidney Salkow en 1964 avec Vincent Price. Moins de moyens mais plus d'ambiance... (vu le 09.07.2021) ⍖⍖
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