Figure de proue du death doom à la finlandaise, avec beaucoup de zombies dedans et biberonné aux bobines de Amando de Ossorio (et sa tétralogie des Templiers pour ceux que cela intéresse), Hooded Menace pousse pour la cinquième fois la porte grinçante du cimetière avec sous le bras "The Tritonus Bell" qu'habille un macabre visuel dû à Wes Benscoter, un spécialiste des pochettes grumeleuses (Bloodbath, Autopsy etc.).
Si la valeur du groupe n'est plus à démontrer, force est toutefois d'admettre que les travaux de Lasse Pyykkö, son fondateur, ne suscitent plus la même envie, la même excitation qu'à l'époque de "Never Cross The Dead" (2010). Quoique très bon cru, "Ossuarium Silhouettes Unhallowed" témoignait ainsi il y a trois ans non pas d'une inspiration en berne mais du polissage évident de ce death dont la moëlle caverneuse fait pourtant toute l'infecte saveur. Privé de cette croûte baveuse, Hooded Menace affichait par conséquent sur ce quatrième autel des couleurs moins noires. Moins rouges (sang) aussi. Qu'en est-il donc de "The Tritonus Bell" ?
Sans surprise, ce nouvel effort impose le même constat, poursuivant l'évolution affirmée par son prédécesseur. La reprise en bonus et en fin de parcours, efficace au demeurant, du 'Torture Never Stops' de WASP, formation que nous n'aurions pas vraiment imaginé être revisitée par les Finlandais, sonne comme un aveu mélodique et enterre définitivement les moisissures qui coulaient dans leurs veines il y a dix ans. Est-ce à dire que cet opus est mauvais ? Pas du tout. Décevant peut-être mais pas moins habité d'un savoir-faire chevronné. De fait, il existe deux façons de l'appréhender selon son rapport au groupe.
Si vous faites partie des ayatollahs du son morbide et du "c'était mieux avant" (à l'instar de votre serviteur), nul doute que "The Tritonus Bell" vous semblera bien sage, presque policé ('Those Who Absorb The Night'), rapprochant finalement plus ses auteurs, non pas de l'ancêtre Funebre mais du Amorphis de "Tales From The Thousand Lakes". En exagérant un peu. Sans lui dénier son éclat séduisant, 'Instruments Of Somber Finality' fait même plus que braconner sur les terres progressives du Devin Townsend de l'ère "Accelerated Evolution", bien que d'une manière probablement fortuite.
Mais il est permis pourtant aussi de goûter à ces excellentes compositions qui, enfermées généralement dans un format très long, entre sept et neuf minutes en moyenne, concilient accroche nerveuse et reptation cendreuse dans les profondeurs de sinistres châteaux. Témoin ce 'Chuime Diabolicus' que lacèrent des riffs entêtants et une rythmique ad hoc. Plus que jamais Hooded Menace confirme l'éternel tribut qu'il doit au UK Doom et à Paradise Lost en particulier. Ces guitares granuleuses aux allures d'excavatrices et surtout l'organe stomaqueux de Harri Kuokkanen participent de cette visqueuse filiation ('Blood Ornaments'). Combien Pyykkö a eu raison de céder le micro au chanteur de Horse Latitudes...
Associées à ces riffs spéléologiques, ses saillies croûteuses écartent la fente abyssale d'une intimité obscure où sont tapis des morts-vivants encapuchonnés qui nous convient aux sacrifices de quelques vierges. "The Tritonus Bell" est ainsi à prendre pour ce qu'il est, le réceptacle d'un death doom plus mélodique que macabre sans pour autant se diluer dans un jus trop sophistiqué, et non pas le réveil funèbre du matriciel "Fullfill The Curse". (07.08.2021 | MW) ⍖⍖
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