Démo d'à peine un (petit) quart d'heure peut-être, Fog In The Distance n'en mérite pas moins la défloration, premier signe de vie d'un projet solitaire basé à Aix-en-Provence dont l'identité de l'unique membre demeure confidentielle. Son logo comme le nom de cette ébauche et le visuel blafard et poétique tout ensemble suggèrent d'emblée une expression sans doute atmosphérique, certainement gorgée d'un spleen minéral. Dont acte.
Gaiseric énumère comme référence aussi bien Elderwind que Lascar ou Soul Dissolution. Ce qui pose le décor d'un black metal plus mélodique que suicidaire, plus lancinant que torrentiel, plus éthéré que barbare. Mais l'exercice n'est pas aisé car grand est alors le risque de s'enliser dans un sirop à la fois romantique et misérable, vierge de cette noirceur souterraine que l'art noir se doit quand même de fouiller un tant soit peu pour ne pas être vidé de sa moelle obscure. S'il évite parfois de peu de sombrer dans le piège d'une langueur larmoyante ('Reflection'), ce one-man band étonne pourtant agréablement par la beauté grave dont il sait ne pas se départir. Il étonne en outre par la pureté de son rendu, jamais approximatif, toujours organique, notamment au niveau du son de batterie.
Le projet se dévoile par l'entremise de deux pistes longues d'un peu plus de sept minutes chacune aux allures de périple intérieur et sinueux. Ce menu ramassé nous permet de les détailler à tour de rôle. 'Fog In The Distance' est la première d'entre elles. Lointain, le chant est avalé par des lignes de guitare d'une déchirante tristesse de touche, lesquelles entrainent cette composition, la meilleure des deux, sur la sente d'un post rock aussi pointilliste qu'atmosphérique. Seules quelques accélérations l'enracinent dans le socle d'un black metal paré de couleurs glaciales et désolées. Belle comme l'aube brumeuse, la mélodie qui l'irrigue est nimbée d'émotions fragiles résonnant comme une invite à l'introspection. Amorcé par des nappes presque cinématiques, 'Reflections' se drape dans un suaire boisé qu'un chant cette fois (un peu) plus prégnant, vient assombrir de même que des traits plus appuyés dans sa seconde partie, sans pour autant en altérer la douce tonalité.
Disponibles gratuitement sur Bandcamp, deux titres, c'est peu, évidemment, mais néanmoins suffisant pour esquisser la personnalité d'un projet prometteur, empreinte de solitude et de recueillement dans le sanctuaire d'une nature froide et vaporeuse. Un talent encore modeste mais non dénué de beauté. (29.07.2021 | LHN) ⍖⍖
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