Si son nom semble annoncer un collectif de coreux énervés, Breakhead ne tape pourtant pas dans le hardcore. Ca tabasse sévère quand même, soyez sans crainte. Son logo, illisible, comme la pochette - superbe d'ailleurs - de Allegiance To Materiality promettent quant à eux une tranche saignante taillée dans un death bien brutal.
En fait, les Nordistes fracassent surtout là où ça fait mal, artisan d'un thrash death aux épaisses coutures metalcore qui débite de la violence en barre mais qu'une lourdeur rampante et ultra heavy n'effraie jamais non plus ('Passengers') et pas davantage de timides mais toujours bien burnées - mélodies qui aiment se faufiler vicieusement ('The Path To Oblivion').
Un EP éponyme en 2014 suivi trois ans plus tard par une première véritable saillie (Neurasthenia) que complète cette année ce deuxième effort longue durée qui va mettre à mal les cervicales de tout bon client en boucherie technique et abyssale. Une fois passée une intro aux couleurs inquiétantes, Allegiance To Materiality ouvre ensuite les vannes d'une brutalité caverneuse et millimétrée tout ensemble pendant près de cinquante minutes au maillage intense que seul l'instrumental 'Identity', du plus sombre effet, brisera provisoirement.
Si tous les musiciens sont au diapason de cette habileté aussi furieuse que menaçante, force est de reconnaitre que le chanteur Loic prend plus que sa part dans la pénétration sans vaseline de cette caverne qu'il tapisse de ses vocalises bestiales. L'homme se montre aussi à l'aise pour les gorges profondes que pour les crachats belliqueux, unissant les deux principales influences des Calaisiens, le death barbare et le metalcore rageur. Guitaristes et section rythmique se chargent quant à eux de malmener des compositions aux reliefs meurtris qui hybrident une impétuosité étouffante et un sens acéré de l'accroche à l'image de ce 'Blackout' aux multiples couches.
Interprétation puissante, prise de son ad hoc, que manque-t-il alors à cet album pour atteindre totalement sa cible ? Sans doute davantage de nuances et de diversité dans un menu dont on peine à extraire un titre plutôt qu'un autre comme s'ils étaient tous cousu dans un même patron, à quelques différences près. Mais c'est aussi pourtant ce qui fait la force de Allegiance Of Materiality, récit oppressant et tentaculaire à travers une humanité au bord du chaos et de la folie. Dans tous les cas, fort de cet uppercut aussi tendu que vicié, Breakhead confirme sa place au sein de la scène death thrash française et promet d'épuisantes séances d'headbanging sauvage en concert ! (31.07.2021 | LHN) ⍖⍖
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