Gregory Peck a eu deux metteurs en scène fétiches durant sa prestigieuse carrière, Jack Lee Thompson tout d'abord (Les canons de Navarone, Les nerfs à vif ou L'or de Mackenna) et surtout Henry King avec lequel il tournera à cinq reprises. Bravados constitue leur quatrième collaboration et sans doute la meilleure avec La cible humaine (1950).
Au vu du titre, on pourrait pourtant craindre le pire. Cela fait penser à un mauvais western italien ou à un film poussif commis par Andrew V. McLaglen, genre Rancho Bravo ou Bandolero. En vérité, Bravados s'avère être un très grand western, qui ne figure peut-être pas parmi les plus connus mais qui semble bien supérieur à d'autres pourtant plus réputés. De facture classique mais mené avec toute l'efficacité et le sureté d'un vieux renard de la pelloche, il s'agit d'un western plus original qu'à l'habitude et ce, pour divers éléments.
Gregory Peck poursuit quatre bandits avec un acharnement qui vire à l'obsession, croyant que ce sont les meurtriers de sa femme. Finalement, il va découvrir qu'il s'est trompé de personnes, quand bien même ce ne sont pas à proprement parler des enfants de cœur. Stephen Boyd est d'ailleurs une belle pourriture. Ensuite, il faut relever l'importance des scènes se déroulant dans une église et qui ne sont pas si fréquentes dans le western. Ainsi, tout le film baigne dans un climat emprunt de religiosité, marqué par les thèmes de la vengeance et de la rédemption.
De plus, si Bravados reste ancré dans la grande tradition du genre, il n'en demeure pas moins assez dur. Ce n'est pas tant les images qui sont violentes mais plutôt l'ambiance générale. Nous assistons ainsi presque à un viol mais filmé hors champ. Cette violence se poursuit à travers le personnage interprété par Gregory Peck, raide, grave, tourmenté et intransigeant, auquel l'acteur prête son visage figé qu'aucun sourire ne vient éclairer. Toutefois, il s'agit pour ce héros d'un parcours initiatique, d'un voyage au bout de lui-même, aboutissant à une renaissance. Il ne pensait qu'à la vengeance et à la mort mais avec l'aide d'une jeune femme (Joan Collins), une nouvelle vie débutera pour lui.
Enfin, il faut signaler la qualité de la distribution, notamment les vilains à la personnalité bien distinctes, fonctionnant comme des archétypes (le rusé, la brute...) et dans la peau desquels on retrouve des habitués de ce genre de rôle, Stephen Boyd, Henry Silva et Lee Van Cleef , ce dernier passant à l'époque son temps à se faire tuer au bout de quelques bobines. C'est en vieillissant et grâce à Sergio Leone, qu'il accèdera enfin aux premiers rôles, quelques années plus tard, devenant le héros d'une flopée de westerns de série B (El Condor, Les quatre mercenaires d'El Paso...). (vu le 25/06/2021) ⍖⍖⍖⍖
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