Repéré par tout bon amateur de bûches qui se respecte grâce à une poignée de miettes, EP (Summer Of Seum), une reprise de Prince (?) et dernièrement un split 7' partagé avec ses frères d'armes Fatima, Seum lâche maintenant son premier rot longue durée. Enfin, longue durée, c'est vite dit car Winterized ne franchit même pas la barre des trente minutes au jus !
Mais cette urgence trapue dit déjà quelque chose de ce trio composé de Français installés à Montréal dont la musique demeure peu portée ni sur la sophistication ni sur les structures alambiquées. Mais de l'alambic, il pourrait presque en être question tant les Québécois d'adoption n'ont jamais caché leur goût prononcé pour certaines substances plus ou moins interdites, moins l'alcool que le tamia et autre pipe à eau. D'ailleurs, Winterized se réfère à une technique utilisée dans l'industrie du cannabis.
Ceux qui ne le connaitraient pas encore ne doivent surtout pas croire que Seum bande mou et le confondre avec un de ces gentils groupes de stoner imbibés de psychédélisme. Un peu à la manière de Bongzilla avec lequel il partage plus qu'une appétence pour la beuh, presque une raison d'être, le trio ne dilue jamais son agressivité atrabilaire dans un sirop moelleux et vintage. Ses racines ne puisent pas dans le hard rock ou le heavy, davantage dans le punk (la reprise des Ramones, 'Pet Sematary, rebaptisée Red Sematary, n'est pas anodine), le sludge voire le hardcore. Autant d'étiquettes pour définir un truc bien méchant qui ne fait pas vraiment dans la dentelle.
La voix râpeuse de Gaspard Carrey (Lord Humungus) fait plus que donner le ton, elle encrasse l'ensemble d'une brutalité et y injecte d'une épaisse dose d'acrimonie. Il y a vraiment quelque de chose sauvage, de primaire dans ce rock cradingue et bitumeux. L'absence de guitare n'est sans doute pas étrangère à ce goût de marée noire, à cette image de dégazage vénéneux, qui s'impose à l'écoute de Seum. Un chant, une basse et une batterie mais beaucoup de bruit et surtout pas pour rien ! La quatre-cordes de Piotr notamment, claque comme une peau tendue à un croc de boucher, fait trembler les murs ('Broken Bones'). Cette tension aussi robuste qu'explosive ne grève toutefois en rien ni le caractère furieusement accrocheur de Winterized ('Sea Sick Six') ni sa capacité à s'abîmer dans une mine de charbon à l'image de l'effrayant 'Black Snail Volcano'.
Agressif mais toujours rock'n'roll, ultra plombé mais rugissant, Seum taille une épaisse barrette de sludge doom qui sent autant la sueur que le hash, première bûche à la hauteur des promesses déflorées par de crasseuses et enfumées préliminaires. (25.06.2021 | LHN) ⍖⍖
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