2 février 2022

KröniK | Monster Magnet - A Better Dystopia (2021)




Monster Magnet est un groupe de rock, un vrai, plein de tous les excès qui vont normalement avec. Des filles, de l'alcool et de la dope. Même si le groupe s'est assagi avec le temps, il garde cela dans le sang. Il aime la route, les concerts, bref, la vie rock'n'roll. Le confinement forcé par la crise sanitaire ne pouvait qu'emmerder les Américains, les clouant à la maison. Comment s'occuper alors si on ne peut pas jouer sur scène ? Composer un nouvel album ? Dave Wyndorf le reconnaît lui-même, il n'en avait pas trop envie. Quoi de mieux alors que de s'enfermer dans un studio et de revisiter de vieux standards des années 60 et 70 ? Bricoler un "album-bunker" comme le chanteur le précise encore. 

Pourquoi se replonger dans cette époque lointaine ? Pour deux raisons en fait. La première, évidente, consiste pour Monster Magnet à rendre hommage aux artistes plus ou moins obscurs qui l'ont influencé. La seconde tient au contexte anxiogène et rongé par la folie que nous vivons actuellement et qui rappelle justement à Wyndorf le monde de la fin des années 60 entre guerre du Vietnam, peur du péril atomique et tensions raciales. "A Better Dystopia" est né ainsi de cette situation chaotique, de cette atmosphère apocalyptique. 

C'est donc un album de reprises. Pour l'auditeur, l'exercice ne se révèle pas toujours très excitant puisqu’il se borne trop souvent à la sage interprétation de classiques trop connus. Rien de tout cela avec Monster Magnet qui, au contraire, déserte les trop attendus Sabbath, Purple, Stooges et autre Hendrix pour tamiser la cave des radios américaines d'il y a cinquante ans. Aux côtés de Hawkwind, éternelle muse des Ricains, dont ils reprennent 'Born To Go', se succèdent donc les plus méconnus sinon oubliés Dust, The Scientists, J.D. Blackfoot, Poohbah ou bien encore Table Scraps. De fait, quelqu'un qui ignorerait la nature de "A Better Dystopia" pourrait croire qu'il s'agit simplement du successeur de "Mindfucker" ! Et ce, d'autant plus que le groupe détient une identité aussi bien sonore que visuelle extrêmement forte qui lui permet de s'approprier ces reliques du passé. 

La plupart semble tout droit sortie du cerveau enfumé de Dave Wyndrof, tels que ce 'Mr Destroyer' nimbé d'effluves psychédéliques ou ce 'Be Forewarned' (Macabre) qui aurait sans peine pu se glisser au sein du menu de "Powertrip". Mais, outre la performance aussi puissante que variée du chanteur, incontestable clé de voûte de l'entreprise, ce qui frappe à l'écoute de cette rondelle est l'impression de voyager dans le temps, d'être catapulté à la fin des sixties et au début des seventies. Entre l'introductif 'The Diamond Mine', lecture d'un texte de Dave Diamond, animateur culte des ondes US d'alors, un 'Death' (The Pretty Things) au parfum d'Orient avec son sitar envoûtant ou ce 'It's A Trash' (The Cave Men) comme échappé de la BO de "Graffiti Party", grand film de John Milius sur la jeunesse américaine de ces années-là, le groupe parvient à capter l'ambiance de cette époque. Ce qui lui fournit aussi l'occasion de mouliner un bon vieux proto hard rock ('Motorcycle', 'Solid Gold Hell'...) ou de galoper à travers des paradis acides ('Welcome To The Void', When The Wolf Sits') comme il les affectionne tant. 

Plus qu'un simple album de reprises, " A Better Dystopia" est une galette de Monter Magnet pur jus, nostalgique sans être anachronique, manière pour le groupe d'affirmer son allégeance au rock des années 60 et 70 le plus obscur et de tirer un parallèle entre cette époque et la nôtre. (06.06.2021 | MW) ⍖⍖⍖

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire