Maléfice est un nom que tout amateur éclairé de NSBM a forcément croisé un jour ou l'autre sur son sombre chemin. Arrimer le groupe à cette chapelle aussi honnie que sulfureuse est-il pour autant justifié ? L'intéressé lui-même trouve cette étiquette réductrice sinon maladroite. Il est vrai que les Français s'éloignent finalement plus de cette mouvance qu'ils ne s'en rapprochent, ne partageant avec elle ni l'approximation technique parfois de mise dans ce courant ni même l'idéologie belliqueuse et autoritaire. C'est davantage un univers à la fois ésotérique et occulte et un héritage culturel dont se nourrit Maléfice. Mais en vérité, juger le groupe à l'aune de sa filiation au NSBM, avérée ou pas, n'a pas grande importance. L'essentiel se niche ailleurs et surtout dans les qualités intrinsèques d'un black metal qui arbore suffisamment d'atouts pour être apprécié en faisant fi de ces considérations thématiques ou esthétiques.
En omettant les nombreuses alliances scellées au fil du temps avec Nokturne, Brahmastra ou Celtic Dance, Le dernier drapeau est le troisième méfait de cette formation qui a eu justement le bon goût d'en devenir une, en garnissant peu à peu son line-up autour de l'Obersturmbannfuhrer J. Panthus, au départ seul maître à bord. En recrutant des musiciens tels que Totenkopf à la guitare, Rakshasa à la basse, Faun de Soleil Noir aux claviers et l'actuel batteur de Graveland (et ex Via Dolorosa), M. Ahrin, le commandant en chef a su fournir à Maléfice l'étoffe et l'ampleur qui jusque là lui faisait quelque peu défaut.
Associé à une écriture au garde-à-vous, cette assise technique aboutit en toute logique à un résultat jouissif, épique et sautillant tout ensemble, bien éloigné de la sévérité grisâtre ou de la brutalité primaire propres à nombre de groupuscules NS. Bref, vous aurez compris que Maléfice noue plus de liens (formels) avec Limbonic Art ou Summoning qu'avec 1389 ou Der Stürmer ! Trempé dans le jus de claviers bien kitsch, c'est un art noir d'un autre âge qui déboule, ce qui ne l'exonère absolument pas d'une führer batailleuse et encore moins d'une majestueuse beauté. Nourri au grain du pur heavy metal, Le dernier drapeau draine des soli magnifiques ('Thulé', 'Die Letzte Odysee') tandis que jaillissent depuis son socle glacé de très belles idées et de galopantes mélodies, témoin ce 'Wolfszeit' qui donne envie de soulever des montagnes. Cette inspiration rutilante et débridée commande des compositions dont le bourgeonnement des atmosphères ne grève en rien leur envoûtante efficacité et que sertissent une pléiade d'invités au chant, de NokturN (Autarcie) à Hendrik Möbus (Absurd) en passant par Todesengel (Stahlfront) ou Svarga (Neptrecus). Autant de noms à faire vomir gauchistes et autre antifas ! C'est très bien.
Dans tous les cas, Maléfice déploie par l'entremise de ce troisième effort un black metal plus grand et remuant que jamais, plus éternel que nostalgique et enraciné dans une mythologie aryenne d'une belle force évocatrice. (20.06.2021 | LHN) ⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire