13 février 2022

KröniK | Lacuna Coil - Comalies (2002)




Dans la carrière d’un groupe, il y a toujours un album pivot, celui qui déclenche le succès, le décollage. Il s’agit parfois du premier opus (comme pour Led Zeppelin ou Iron Maiden par exemple) ; il peut survenir un peu plus tard également. Pour Lacuna Coil, c’est son troisième disque (sans compter deux EP), Comalies donc, qui est le déclencheur. 

S’il s’inscrit dans la mouvance initiée par ses deux prédécesseurs, les remarqués In A Reverie et Unleashed Memories, Comalies bénéficie lui de la flamme qui leur faisait quelque peu défaut. Plus puissant (louons à ce titre la production ad hoc du père Waldemar Sorychta, véritable sixième membre du groupe transalpin), dopé par des chansons toutes imparables, calibrées, superbes, il témoigne, en même que d’incontestables progrès, d’une maîtrise et d’une maturité enfin totalement acquises. Et alors qu’avant, il y avait toujours quelques titres un peu plus faibles au menu, rien de tel cette fois-ci ; les treize titres sont des hymnes en puissance, immédiatement mémorisables. Comment résister à des cartouches de l’acabit de « Heaven’s Lie », « Daylight Dancer », « Tight Rope », « Unspoken », « The Prophet Said » ou  le définitif « Swamped ». En l’espace de 4 minutes, la messe est dite. Efficacité, élégance, riffs ravageurs, ambiances mystérieuses et surtout performance vocale hallucinante de la sensuelle Christina. 

Plus que jamais, la jeune femme, de plus en plus sexy qui plus est, s’impose comme la clé de voûte de l’édifice. Sa voix puissante et envoûtante est l’arc-boutant contre lequel repose les mélodies. Ses lignes de chant, divines, d’où perle par moment un profond désespoir et inutilement couplées à un chant masculin peu convaincant, sont le fil rouge qui guident l’auditeur. En comparaison, les autres musiciens semblent presque invisibles, même s’ils abattent un travail solide au service d’un tout. Les Italiens savent faire parler la poudre mais n’hésitent pas non plus à tenter l’exercice de la ballade émotionnelle (le très beau « The Ghost Woman And The Hunter ») ou à s’essayer à l’exploration musicale avec force bidouillages électroniques (le diptyque surprenant « Self Deception » et « Aeon »). 

Avec une telle réussite sous le bras, il n’est pas étonnant que Lacuna Coil ait enfin récolté les fruits d’un succès bien mérité. Comalies démontre que le groupe, vendu à tort comme un clone de The Gathering (on peut chercher longtemps les points communs entre eux), a su finalement imposer une  identité qui lui est propre, une griffe toute personnelle. Mais, revers de la médaille, les Italiens ne tarderont pas, les ventes exceptionnelles aux Etats-Unis aidant, à perdre leur innocence, leur charme mêlée d’une naïveté qui faisait plaisir à voir. Le passage à l’âge adulte est toujours une étape délicate à négocier ; espérons que l’album suivant, le sinistre Karmacode, ne sera qu’une simple transition dans leur carrière… (25.11.2007) ⍖⍖⍖

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