25 février 2022

KröniK | Concilium - Desecration (2021)




Une question pour commencer : où Vulturius trouve-t-il le temps de lutiner tous ses projets ? Est-il même un être humain ? Dort-il ? Mange-t-il ? Va-t-il au petit coin ? Le doute est permis à voir le Portugais se démultiplier ainsi entre Decayed, A Forest Of Dreams, Morte Incandescente, Kommando Baphomet et surtout Irae, pieuvre ubiquiste capable d'assurer aussi bien le chant que la guitare, la basse que la batterie. A lui seul, l'homme résume ce qu'est le black metal lusitanien dans sa définition la plus obscure et cryptique et dont il arbore les nombreux visages, death, ambient, thrash mais toujours raw et evil. 

Soyez-en sûrs, vous ne le surprendrez jamais en flagrant délit mélodique. Et ce n'est pas Concilium, sinistre entité qu'il partage avec deux autres créatures, qui dérogera à cette règle. De toute façon, que l'exigent Sentient Ruin Laboratories en édite le premier acte de mort (après toutefois un EP et un split scellé avec Hexitium), garantit la teneur aussi viscérale que tourmentée d'un art caverneux capable de faire fuir la lumière. Dont acte. 


Desecration permet à Vulturius d'arpenter les caveaux labyrinthique d'un black metal étouffant et vicié, tortueux et malsain. Sans pour autant qu'il se départisse de cette expression primitive, tant dans la forme (une prise de son décharnée) que dans le fond, trempé dans une noirceur morbide. Les références à Portal, Deathspell Omega ou Pa Vesh En plantent ce décor aux confins d'un death abyssal, ténébreux et assurément funèbre. Le fait que le rôle de chacun des trois musiciens ne soit pas précisé participe d'une opacité grouillante. Il y a donc quelque chose de pourri dans le royaume lacéré par Concilium. 

L'impression s'impose d'avoir à faire à une masse congestionnée où se frottent en un fracas dissonant borborygmes aussi écorchés qu'inaudible, guitares rongée par la rouille et rythmique déglinguée et suffocante. Loin d'en altérer la sépulcrale cruauté, les accords grêles rongeant ' From Emptiness To Oblivion' ou les atmosphères mortuaires achevant 'Blood Candles' contribuent à maintenir Desecration dans les profondeurs d'un charnier torturé. Ramassé et tendu (il dure moins de trente minutes), l'opuscule ne file jamais droit, alternant convulsions fiévreuses ('Shadow Gospels') et enlisement macabre dans les méandres d'un doom ritualiste. Avalé par une obscurité malfaisante, l'ensemble exsude la mort par tous les pores ne laissant ni espoir ni beauté suinter de ses boyaux souterrains. 

Concilium plonge la carcasse crépusculaire de l'art noir lusitanien dans le dédale asphyxiant d'un black death aussi déchainé que chaotique. (08.07.2021 | LHN) ⍖⍖⍖

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