15 février 2022

CinéZone | Jack Lee Thompson - Le justicier de minuit (1983)




C’est moins Un justicier dans la ville que sa (première) suite en 1982 qui a définitivement figé Charles Bronson en immuable bras armé d’une justice trop laxiste, l'enfermant  dans ce rôle au départ plus profond qu’on ne le dit mais dont le recyclage mercantile jusqu’à l’indigestion, l’a peu à peu vidé de son intérêt. Tourné un an après Death Wish II, Le justicier de minuit s’inscrit dans ce contexte qui voit Bronson désormais se confondre avec son personnage de Paul Kersey, à l’exception de Act Of Vengeance (1986) de John Mackenzie, The Indian Runner (1991) de Sean Penn et, dans une moindre mesure, Protection rapprochée (1987) de Peter Hunt. 

Si le titre retenu par le distributeur français tente sans vergogne de le faire passer pour un épisode de la série Death Wish, le fait est que Ten To Midnight ne s’en distingue guère. Certes, l’acteur joue ici un flic nommé Leo Kessler mais c’est comme il s’agissait encore une fois de Paul Kersey, l’architecte qui la nuit venue, arpente les rues mal famées pour les dératiser de leur délinquance gangreneuse. Comme dans les films de Michael Winner, le propos pourra sembler nauséabond sinon caricatural. Pour autant, Le justicier de minuit n’est pas sans qualité. Si le grand réalisateur des Nerfs à vif (1962) est depuis longtemps enterré, Jack Lee Thompson livre un travail nerveux, habile dans sa manière de ne jamais dévoiler le zizi de ce tueur sexuellement refoulé qui zigouille ses victimes à poil. Tirant son film vers le slasher à la mode avec ces filles sexy dont l’anatomie ne nous n'est pas cachée et ce maniaque au couteau éminemment phallique, il réussit plutôt bien dans l’atmosphère glauque, bien aidé en cela par un Gene Davis vicelard et trouble à souhait.  

Bronson, auquel le metteur en scène offre là sans doute la meilleure (ou la moins mauvaise) de leurs collaborations, ne paraît en revanche pas très concerné, promenant sa moustache avec une nonchalance qui frise le je m’en foutisme. Mais dans le rôle de sa fille, Lisa Eilbacher assure une prestation réjouissante qui nous fait dire qu’elle mérite mieux que ce film au demeurant jubilatoire mais à ne pas mettre devant tous les yeux ni dans toutes les oreilles. 

Violent et racoleur, Le justicier de minuit demeure un produit typique des années reaganiennes et de la Cannon en particulier dont on imagine mal qu’il puisse encore être initié aujourd’hui à l’heure du progressisme totalitaire. (vu le 25.05.2021) ⍖⍖



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