21 janvier 2022

KröniK | Murphy - S/T (2021)




La pochette qui représente une inquiétante demeure qu'on imagine extraite d'un film d'horreur des années 80 et les premières mesures de 'First Blood', sur lesquelles planent l'ombre de John Carpenter et sa célèbre B.O. d'Halloween, suffisent déjà à planter le décor. Murphy braconne sur les terres de cette synthwave ténébreuse biberonnée aux VHS horrifiques qui remplissaient jadis les étales des vidéoclubs. Pertubator ou GosT, figures de proue de cet electro rugissante, sont bien sûr cités pour qualifier la toile sombre et hypnotique que tisse ce mystérieux duo nantais dont les membres sont pourtant issus de la scène hardcore. Ce détail a son importance car il explique peut-être la singularité d'une partition qui ne se contente pas de creuser bêtement un sillon déjà bien lessivé. 

Certes ce premier long vibre de cette même fièvre entêtante, use de ces notes aussi minimalistes qu'ultra efficaces qui font toujours leur petit effet ('Murder House') mais à ce substrat électronique nocturne et puissamment obsédant, N1 et N8 injectent un chant agressif, hardcore justement ('Run, Bitch, Run') ou tout simplement plus screamo ('Bimbo Killer') que soulignent des samples comme échappés d'un slasher de série Z ('Don't Leave The Group'). Cette hybridation entre une synthwave enveloppante et des vocalises néo metal âpres et tendues est étonnant mais loin de dénaturer le genre, elle lui inocule du sang neuf et une dose sévère de noirceur brutale. 

Ca tombe bien puisque l'album baigne évidemment dans une ambiance angoissante parfaitement rendue par ce tandem qui sait nous pousser dans les méandres oppressants d'un récit d'épouvante que feuillète chacune de ces huit pistes à la fois riches en atmosphères et pourvues de griffes acérées et sanglantes. De la maison macabre à la bimbo sexy qui hurle son effroi, Murphy s'amuse à revisiter les films d'horreur des années 80 à la Wes Craven (Les griffes de la nuit) et 90 (Scream) avec une jubilation gourmande et une ravageuse énergie à laquelle participe le chant autant hargneux qu'explosif. 

Murphy fait une entrée fracassante dans l'univers horrifique des musiques électroniques galopant aux confins du metal. Surprenant et décoiffant, son premier effort ne manquera pas de procurer des frissons aux fans de slasher ! (22.05.2021 | LHN) ⍖⍖

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire