La carrière de Michael Crichton reste étroitement liée au 7ème art. Romancier, ses livres seront adaptés à l'écran, de La vérité Andromède (1969) à L'homme terminal (1972) sans oublier évidemment Jurassic Park (1990) dont l'adaptation à succès assurée par Steven Spielberg verra les producteurs se souvenir de lui (Congo, Sphere) avant qu'il ne se mette à écrire en vue d'une adaptation directe au cinéma (Soleil levant, Harcèlement...). On oublie cependant que Crichton fut aussi un réalisateur inspiré à défaut d'être doué. Entre 1972 (le téléfilm Pursuit) et 1989 (Preuve à l'appui avec Burt Reynolds), il signera une poignée de films en tout point digne d'intérêt. Il est même permis de se demander s'il ne fut pas meilleur metteur en scène qu'écrivain. Mondwest (1973), La grande attaque du train d'or (1978) ou Looker (1981) tendent à nous le laisser croire. Morts suspectes est également à louer.
Etonnament, le matériau original n'est pas de lui mais de Robin Cook, maître du thriller médical. Dans tous les cas, Coma s'inscrit parfaitement dans une œuvre qui questionne sur la technologie et la science et, en corollaire, leurs dérives. Au sein du prestigieux Boston Memorial Hospital, le docteur Susan Wheeler (Geneviève Bujold) enquête sur la mort de sa meilleure amie qu'une opération bénigne a plongé dans le coma avant de finalement mourir. Elle mettra à jour un véritable trafique d'organes à grande échelle organisé par le directeur de l'hôpital (Richard Widmark) et le responsable des anesthésies (Rip Torn). Malgré son sujet et l'image restée célèbre de ces corps suspendues dans une immense salle, Morts suspectes appartient davantage au registre du suspense qu'à celui de la science-fiction à laquelle Crichton est pourtant associé.
Sa maîtrise du thriller n'en est pas moins évidente, témoin la poursuite dans les couloirs de l'hôpital et ce, quand bien même, son film n'échappe ni aux invraisemblances ni aux facilités (Wheeler qui doute d'emblée du coma de son amie, la même qui épluche des dossiers sensibles laissés simplement sur une table...). A son passif, ajoutons également une ambiance générale tout juste inquiétante, loin du travail malsain et organique d'un David Cronenberg (Scanners). Mais le récit est solidement mené, distillant une angoisse idéalement surlignée, il est vrai, par le score de Jerry Goldsmith, et l'interprétation, de premier ordre. De cette distribution impeccable, peuplée de visages promis à devenir célèbre (Ed Harris, Tom Selleck), se détache Geneviève Bujold, tenace et indépendante. Cultivant l'ambiguïté, Michael Douglas manque toutefois encore d'épaisseur mais Richard Widmark, en directeur paternaliste et faussement bienveillant, trouve un rôle de méchant à sa mesure.
Morts suspectes tient tout du long en haleine sans que les quelques faiblesses qui l'émaillent n'en grèvent l'efficacité. (vu le 08.05.2021) ⍖⍖⍖
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