A Gambler's Life : The Massacring Fudo marque d'une certaine façon une triple fin. D'une part, il achève malheureusement la carrière de Raizô Ichikawa, emporté par un cancer cinq mois après sa sortie sur les écrans. Il parait d'ailleurs difficile de ne pas lire la maladie qui ronge son visage marqué, précocement vieilli (il n'a alors que 37 ans), le regard embué par la tristesse. En outre, la mort du comédien ne tardera pas à signer la disparition du studio Daiei dont la bonne santé commerciale ne reposait quasiment que sur les films enchaînés à un rythme effréné par Ichikawa. Enfin, Bakuto Ichidai Chimatsuri Fudo nous offre sans doute pour une des dernières fois l'occasion dans la vie des Yakuza d'avant-guerre, période qui sera bientôt délaissée par le cinéma japonais à laquelle il préférera une approche plus moderne.
Pour toutes ces raisons, le métrage de Kimiyoshi Yasuda constitue une date importante. Mais ce ne sont pas les seules. En effet, si elle nous permet donc de pouvoir admirer le jeu charismatique de cet acteur parti trop tôt, l'œuvre séduit par sa beauté visuelle qui se manifeste autant dans la manière dont sont éclairées notamment les scènes d'intérieur que dans les plans saupoudrés de neige, écrin mélancolique d'un récit placé sous le sceau de la fatalité et de la vengeance. Ainsi, au terme d'un affrontement fratricide, le héros partira seul, laissant celle qui l'aime esseulée. Là aussi, il semble difficile de ne pas penser à la mort de Raizô Ichikawa lorsqu'il disparait peu à peu de l'écran. Comme s'il savait qu'il ne reviendrait plus jamais...
Bien qu'elle puisse paraitre confuse, ce qu'explique certainement un sous-titrage anglais qui peine à en saisir tous les enjeux dramatiques, l'histoire nous plonge néanmoins dans l'univers des Yakusa dont nous découvrons les rites de succession ou d'adoption. Triste et puissant, A Gambler's Life est un poignant chant du cygne. (vu le 02.05.2021) ⍖⍖⍖
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