16 décembre 2021

KröniK | Aphrodite - Orgasmic Glory (2021)




C’est évidemment le zizi tout dur que nous avions accueilli en 2019 les premiers ébats de la speed queen chilienne Tanza avec le Canadien Jo Steel, usine à riffs biberonnée aux années 80. Pourtant, si l’accouplement entre la chanteuse de Demona et le guitariste de Ice War était alléchant sur le papier, Lust And War n’avait toutefois pas totalement déclenché en nous l’effet escompté. Peut-être en attendions-nous trop ? Certes chevauché par la bomba latina et carburant au speed metal griffé de punk, ce premier album  manquait tout simplement de l’essentiel, c’est-à-dire de bonnes chansons, celles qui pénètrent la mémoire pour ne plus la quitter. Dès lors, il était permis de craindre que ce montage chilo-canadien ne dépasse pas le coït sans  lendemain. 

Bien que très accaparé par Ice War dont cette première moitié d’année 2021 a vu vidanger un split avec Whipstriker suivi de près par une cinquième cartouche (Sacred Land), le guitariste a quand même trouvé le temps de se frotter de nouveau à la belle déesse pour enfanter Orgasmic Glory. Et contre attente, cette seconde saillie lave la déception (relative) suscitée par sa devancière. La recette demeure pourtant identique, à base de cavalcades survitaminées et de jouissances féminines haut perchées. Forcément, eu égard aux deux protagonistes en présence qui  de toute façon ne maraudent jamais bien loin du heavy metal old school  gainé de cuir et fardé de cartouchières. 

Mais, envoûté par sa muse, Jo Steel dresse cette fois-ci une insolente érection dont le fruit est une semence furieusement addictive et fédératrice. Résultat, le couple enfile huit bombes comme d’autres les perles. Ainsi, contrairement à Lust And War, Orgasmic Glory réussit l’alchimie tant fantasmée entre le chant lascif de Tanza et l’énergie ravageuse du Canadien, lequel a su dompter la fougue vénéneuse de sa partenaire. L’entame de 'Troy Is Burning' met d’emblée les poings sur les i. Plus en forme que jamais, l’homme se déchire avec son manche, crachant  des riffs à la manière d’une mitraillette que rien ne vient enrailler. Armée de sa voix aisément identifiable, la tigresse fait son lit de ce speed metal aussi infernal qu’intemporel, simple et sans fioritures, qui sent le stupre et la première prise. 

‘Dance Of Wild And Free’ carbure au même tonneau, ivre de cette guitare rugissante et volubile. Alors que Jo Steel bétonne un rythme digne d’une dynamo, la Sud-Américaine ondule avec cette lancinance à la fois hypnotique et endiablée qui n’appartient qu’à elle, imprimant un caractère faussement répétitif et monotone à tout ce qu’elle touche. De fait, tous les titres donnent l’impression d’être branchés sur le même courant, seules les morsures du guitariste aidant à les singulariser. Mais c’est aussi ce qui fait le charme immuable du metal cher à Tanza qui ensorcelle par cette langueur qui n’exclue pourtant pas quelques saignantes montées dans les aiguës (‘Europa’). Les morceaux s’enchaînent, toujours un peu les mêmes donc mais d’une redoutable efficacité dans leur compulsif déhanchement. 

Au final, il n’y a absolument rien à jeter de cette rondelle qui glisse sans vaseline, remplie jusqu’à la gueule d’hymnes en puissance tels que ‘Chariot Of The Sun’, ‘Meadows Of Asphodel ou bien encore ‘Blood Of Aphrodite’. Autant de points G et de griffures dans la peau laissant suinter un speed metal aussi sexy que vigoureux.  Après un démarrage un peu poussif, Aphrodite s’offre enfin toute entière avec ce bien nommé Orgasmic Glory qui comblera d’aise aussi les aficionados du genre que les amoureux de la belle Tanza ! (28.04.2021 | LHN) ⍖⍖⍖

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