3 décembre 2021

CinéZone | Kazuo Mori - A Killer's Key (1967)




Comédien emblématique du film de samouraï japonais (la saga Nemuri Kyōshirō),  Raizō Ichikawa se révélait tout aussi à l'aise dans le polar comme l'illustre A Killer's Key que réalise en 1967 Kazuo Mori, artisan indissociable, comme lui, du fameux studio Daiei. Remarque liminaire, il ne faut pas confondre Aru Koroshiya No Kagi avec Aru Koroshi Ya (Le silencieux en français mais A Certain Killer en anglais), tourné la même année et par le même tandem devant et derrière la caméra. Celui qui nous intéresse au travers de ces quelques lignes est un produit typique du savoir-faire nippon en terme de cinéma de genre. 

L'histoire est banale : un tueur, danseur à ses heures perdus, est enrôlé par des gangsters pour exécuter un homme politique, avant d'échapper lui-même provoquée par ses commanditaires. S'en suit la vengeance du tueur bien décidé à ne pas en rester là. Mais A Killer's Key possède de nombreuses qualités à faire valoir, expliquant la jubilation que sa vision suscite. La mise en scène de Kazuo Mori se pare de toute la sécheresse et la nervosité qu'impose son sujet, l'action est menée avec rigueur. Trapu et ne s'embarrassant pas de scènes superflues, l'ensemble répand beaucoup de charme, moins froid que A Certain Killer dont il incarne une fausse suite, quoique tout aussi austère dans son expression du polar extrêmement pure. 

Surtout, Raizō Ichikawa campe une figure tragique de tueur solitaire. Mutique et distant sans être froid ou arrogant (ce n'est pas le samouraï d'Alain Delon), il rend attachant et triste à la fois son personnage qui finira seul une fois sa quête achevée. A ses côtés, la jolie Tomomi Satô compose une étonnante geisha, moderne et cupide.  

Petite bobine par la durée (moins de 80 minutes) mais grande par la qualité, Aru Koroshiya No Kagi compte parmi ce que le cinéma de genre japonais a livré de plus abouti. (vu le 21.04.2021) ⍖⍖⍖⍖



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