Tourné entre Ne me quitte jamais (1953) accouplant Clark Gable à Gene Tierney et L’aigle solitaire (1954) avec Alan Ladd et Charles Bronson, Les gladiateurs est le seul péplum réalisé par Delmer Daves qui, comme la plupart des metteurs en scène de l’époque (Howard Hawks et La terre des pharaons ou Michael Curtiz et L’Egyptien) se frotta à l’histoire antique.
Il s’agit de la suite de La tunique (1953)de Henry Koster, qui doit plus sa renommée au fait d’avoir été tourné en cinémascope que pour ses qualités intrinsèques. En dépit d’un emballage un peu académique, l’oeuvre de Delmer Daves s’avère bien supérieure et, sans atteindre la réussite de Ben-Hur (1959) de William Wyler ou du Sparactus (1960) de Stanely Kurbick, lesquels développent une vision plus sérieuse et adulte de l’antiquité, demeure un très honnête péplum. Le récit est bien mené et la reconstitution de la Rome impériale, soigneusement illustrée même si, par exemple, le personnage complexe de Caligula est traité sans nuances, très loin de la composition hallucinante de Malcolm McDowell dans le film de Tinto Brass. En revanche, les jeux du cirques sont bien rendus. Sans être évidemment aussi réalistes que dans le Gladiator de Ridley Scott, les combats de gladiateurs sont conduits avec efficacité et une pointe de cruauté toujours bienvenue.
Demetrius and the Gladiators repose également sur une excellente distribution. Victor Mature, le Stallone des années 50, se montre bien sûr très à son aise, reprenant le rôle qu’il tenait déjà dans La tunique. Mais constant dans l’inexpressivité, il se fait voler la vedette par Susan Hayward, actrices habituée aux personnages de femmes à fort tempérament et donc parfaite en Messaline. La façon dont elle manipule tous les hommes est impressionnante. Le seul regret de cette distribution concerne la sublime Debra Paget qui se fait trop discrète. Cependant, ses rares apparitions suffisent à irradier le film de sa beauté sauve. Enfin, il faut noter que trois des comédiens – Victor Mature, Ernest Borgnine et Richard Egan – se retrouveront l’année suivante dans le polar attentiste de Richard Fleischer, Les inconnus dans la ville.
Les gladiateurs se voit ainsi sans déplaisir. Il est toutefois permis de préférer Delmer Daves lorsqu’il consacre son talent au western, genre qui semble mieux lui convenir, comme en témoignent La flèche brisée (1950), La dernière caravane (1956), Trois heures dix pour Yuma (1957) ou Cow-boy (1958). (vu le 25.04.2021) ⍖⍖⍖
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