28 novembre 2021

KröniK | Opeth - Still Life (1999)




Dans la carrière de tout grand groupe qui se respecte, chaque disque occupe une place qui lui est propre, bien définie au sein d'un schéma général que seul le recul nécessaire peut permettre de saisir. Opeth fait partie de ces groupes qui ne se contentent pas juste de publier bon an mal an des albums interchangeables, bien au contraire. Si Orchid marquait ses débuts discographiques et posait, en dépit de maladresses propres aux oeuvres de jeunesse, son style souvent imité, mais jamais égalé, si Morningrise empruntait des chemins plus acoustiques et progressifs, tandis que My Arms, Your Hearse prenait la forme d'un concept-album, Still Life quant à lui se veut une sorte de brouillon, d'esquisse de la pierre angulaire que sera deux ans plus tard, Blackwater Park

Muni d'un nouveau contrat (éphémère) avec le label Peaceville, après toutes ces années passées chez Candlelight, secondé à nouveau par Fredrik Nordström et conduit pour la première fois par le line-up "classique" - comprendre avec les deux Martin, Lopez (batterie) et Mendez (basse) -, Opeth poursuit la voie qu'il a tracé avec ses trois précédents méfaits tout en l'approfondissant quelque peu. Bref, le cadre est identique, mais certains détails viennent enrichir un art maintenant consommé. A commencer par une production plus claire, plus puissante qui restitue admirablement la subtilité d'une musique schizophrénique, unissant dans un mélange unique fait de morceaux très longs, le metal atmosphérique le plus fin et le death metal le plus débridé. 

Surtout, c'est du côté de l'architecture même de Still Life et des titres en particulier, qu'il convient de se pencher pour saisir la lente mutation d'un style qui atteindra sa pleine maturité et sa démesure avec l'album suivant, dans ces pauses diaphanes et émotionnelles que les Suédois s'octroient, par le biais de douces mélopées, qui portent dans le cas présent les noms de "Benighted" et "Face Of Melinda", sorte de power-ballad d'une beauté infinie, et dans cette symbiose entre passages furieux portés par des vocaux caverneux et  respirations salvatrices qu'égrènent guitares acoustiques et chants clairs (les monstrueux "The Moor", "Godhead's Lament" et "White Cluster" en constituent la plus parfaite illustration). A ce titre, on ne peut que saluer les progrès de Mikael Akerfeldt, cerveau du groupe, au niveau de ce type de chant qu'il maîtrise de fait de mieux en mieux, à l'image d'un groupe de plus en plus maître de son art. 

Still Life occupe donc une place charnière dans la carrière du Opeth car tout en reprenant les bases posées par ses aînés et qu'il redessine légèrement, il annonce déjà ce que sera son glorieux successeur. (31.03.2007) ⍖⍖⍖

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