Los Disidentes Del Sucio Motel (LDDSM) : derrière ce nom étrange évolue un groupe français qui ne l'est pas moins, originellement arrimé à la chapelle stoner (dont il reste quelques traces) mais dont les travaux successifs - quatre albums en tenant compte du sujet de cette chronique et en laissant de côté les EPs East Side Story et Demanbulation - l'ont poussé sur des chemins moins balisés et capables de toucher un public plus large que le simple amateur de son velu. Ce n'est pas l'unique singularité de ce quintet qui a autant recours à une vaste palette vocale, que lui offrent ses trois chanteurs (dont Katia la claviériste et bassiste), qu'à des fragrances spatiales et progressives. De fait, et nonobstant l'identité affirmée de ses créateurs, nous ne savons jamais trop à l'avance quel visage arborera chaque nouvelle offrande imaginée par LDDSM. Survenant presque cinq ans après l'acclamé Human Collapse, Polaris ne déroge pas à la règle. A peine son titre suggère-t-il une dimension cosmique et l'expression sonore idoine. L'opus questionne sur les rapports entre l'homme et l'univers, concept qui se décline par le biais de dix pistes qui chacune possède sa personnalité propre.
A l'exception de la très courte introduction, toutes oscillent entre quatre et six minutes environ, caractère trapu qui confère à l'ensemble des allures de bloc pourtant parfaitement homogène. En filigrane se distingue le souci constant des Strasbourgeois de penser l'album dans ses moindres détails, tant dans ses multiples arrangements que dans sa progression et la répartition de ses chansons qui ne doit rien au hasard. Si les lignes vocales impressionnent et séduisent, puissant vecteur d'émotions (le plaintif 'Blue Giant', le déchirant 'Alpha Ursae Minoris'), riffs rugissants, rythmique aux allures de noueuse tectonique et synthés stellaires ('Earthrise') bétonnent ce "Polaris" à la fois râblé et délicat, tendu et lumineux. Reflets d'un thème à la portée aussi dramatique que philosophique, les compositions s'enchaînent en un voyage parfois batailleur, à l'image de 'Blood-Planet Child', idéal pour lancer le menu, désespéré par moments ('Dark Matter') mais tout aussi atmosphérique ('The Key') et nourri d'une sève furieusement mélodique ('The Plague' et ses harmonies que ne renierait pas Queen). A un socle lourd ('Horizon'), LDDSM n'hésite pas à insuffler un souffle vaporeux, témoin la superbe pulsation finale 'The Great Filter' qui touche le cœur autant que l'âme. Une fois l'écoute achevée, l'image d'un album pluriel et néanmoins compact se dessine. Exempt de toute faiblesse aussi car on devine qu'il est le fruit d'un long cheminement, d'une lente maturation. Et d'un effort collectif enfin, chacun des cinq musiciens y prenant sa juste part, jouant un rôle essentiel au sein d'une partition où tous les éléments s'emboitent avec force et fluidité. Plus encore que ses devanciers, Polaris saura enthousiasmer autant le bucheron que le mélomane épris de sonorités aériennes et psychédéliques. (11.04.2021 | MW) ⍖⍖⍖
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