11 novembre 2021

KröniK | Acid Mammoth - Caravan (2021)




Si trois années séparaient Under Acid Hoof de son prédécesseur, éponyme et séminal, en revanche, Acid Mammoth ne s'arrête plus désormais. Et alors que la planète entière fonctionne au ralenti depuis un an, les Grecs, eux, n'ont pas chômé ces derniers mois, scellant une alliance avec 1782 à l'occasion des Doom Sessions initiées par le label Heavy Psych Sounds et débitant déjà une troisième bûche. De ralenti, il est certes question, moins donc pour qualifier l'inspiration du groupe que pour définir une musique épaisse comme une marée noire, foulant le sol à la manière de ces pachydermes légendaires. Ce n'est pas pour rien que le quatuor s'est baptisé Acid Mammoth ! Ainsi, Caravan arrive rapidement après son devancier avec lequel il noue une proximité évidente. Son magnifique artwork, encore une fois conçu par Branca Studio, crée immédiatement un lien avec celui de Under Acid Hoof, ce qui permet en outre au combo d'esquisser une sympathique identité visuelle. De fait, ceux qui le connaissent déjà ne seront ni dépaysés ni déçus par cette nouvelle rondelle dans laquelle ils suceront une même moelle sabbathienne. Sans surprise peut-être mais non sans un plaisir décuplé. Car si la précédente galette nous avait déjà fait le zizi tout dur, Caravan atteint quant à lui carrément le point G. C'est l'orgasme des grands jours ! Le style y est pourtant identique, donnant toujours cette impression de s'enfiler du Electric Wizard qui irait à l'essentiel, sans s'égarer, comme il a trop tendance le faire, dans une brume électrique et nébuleuse. 

Mais, dressant une lourde verge dont le méat crache une sauce plus fertile que jamais, les Grecs grimpent incontestablement à l'étage du dessus. Ce faisant, ils troquent le statut de formation prometteuse à celui de nouveau maître du riff sismique. Et ils n'ont pas besoin de plus de cinq minutes, durée de l'inaugural 'Berseker', pour éclabousser nos oreilles, qui en ont pourtant absorbé beaucoup, d'une semence aussi terreuse que jouissive. Tout y est : le chant enfumé, les guitares massives, la rythmique prisonnière d'une gangue de mazout... Bref, en cinq petites minutes, la messe est dite, récitée par des musiciens qui ont le doom qui coule dans les veines. Plus étirées tout en conservant ce caractère trapu, les quatre autres saillies sont taillées dans cette même écorce d'où s'écoulent des mélodies qui se fixent au cerveau comme une moule à un rocher, vous hantent pour ne plus vous lâcher. Car la grande force des Babalis père et fils et de leurs deux comparses réside notamment dans cette faculté à combiner accroche hypnotique et chape de plomb, le tout sans fioritures ni artifices. Direct et compact. Ce qui n'exonère les gigantesques 'Psychedelic Wasteland' et 'Caravan', environ dix minutes au jus chacun, ni d'une vague ambiance spatiale pour le premier ni d'une lancinance pachydermique pour le second.  Quarante minutes sans couenne mais avec beaucoup de gras dedans tel est le menu que nous offre cette troisième enclume de Acid Mammoth aux allures de leçon, celle d'un doom sabbathien du plus bel effet. Du plus pesant et délicieux surtout. (17.04.2021 | LHN) ⍖⍖⍖

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