L'histoire commence en drame et se termine en farce, disait en substance Karl Marx. Cette pensée colle très bien à la carrière cinématographique de Rob Zombie et, plus particulièrement à ce qui forme désormais une trilogie, cet ensemble de films composé de La maison des 1000 morts (2003), The Devil's Rejects (2005) et 3 From Hell. Ainsi, ce qui au départ était sombre et brutal quoique toujours parasité par un humour trash vire à l'autoparodie. Cette suite tardive des deux premières - et meilleures - bobines du musicien américain était autant attendue que crainte eu égard à l'incontestable érosion de son talent constatée depuis Halloween 2 (2009).
3 From Hell confirme à la fois ce déclin d'un réalisateur pourtant si doué et son incapacité à se renouveler, prisonnier d'un univers crasseux et goguenard qui n'appartient qu'à lui. Ceci expliquant sans doute cela. Bien que rude et violent comme il se doit, poinçonné de scènes avec des filles à poils, ce film fait davantage sourire, avec son langage fleuri et ses dialogues orduriers, que trembler. Ce n'est pas grave. Ce qui l'est plus est en revanche son absence d'histoire à raconter. Ivre de son style, Zombie semble n'avoir d'autre but que de se faire plaisir avec sa femme et ses potes, oubliant qu'il devrait avoir une intrigue à filmer. Mais Sid Haig décédé pendant le tournage et Sheri Moon qui en fait exagérément des caisses, 3 From Hell ne peut compter que sur Bill Moseley, lequel forme un duo efficace avec Richard Brake, pour éviter aux spectateurs de se lasser des outrances verbales et visuelles.
Malgré tout, reconnaissons que ce troisième épisode est bandant à regarder. Il sent la sueur et le foutre, fait joyeusement fi de la moindre concession hollywoodienne et nous rappelle que Rob Zombie est un homme de goût. La bande-son évidemment rock 'n' roll et l'hommage aux catcheurs mexicains et à Santo, le plus emblématique d'entre eux, en témoignent. Est-ce suffisant pour en faire un film indispensable ? Non. Mais pour cracher une bonne tranche de violence crapoteuse et gouailleuse, oui. Ce n'est finalement déjà pas si mal, fait oublier un 31 décevant et vaut toujours mieux qu'un Tarantino ! De là à rassurer quant à l'avenir de Zombie, il y a un pas que nous nous garderons bien de franchir... (vu le 16.04.2021) ⍖⍖
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