16 novembre 2021

CinéZone | Mike Hodges - La loi du milieu (1971)




Premier et meilleur film de Mike Hodges avec, dans un style bien différent, son Flash Gordon (?), La loi du milieu bénéficie d’une aura particulière qui en fait aujourd’hui une bobine culte alors même qu’il est passé inaperçu lors de sa sortie en salles en 1971. Ce néo polar à la sauce Albion s’appuie sur un scénario très classique et une trame tout aussi linéaire. Un gangster retourne dans sa ville natale après la mort de son frère qu’il désire venger. Pourtant, Get Carter demeure une œuvre unique. Le metteur en scène parvient à transcender ce sujet banal par une réalisation inventive et audacieuse où le cadre et la profondeur de champ se révèlent particulièrement travaillés. 

Mais surtout, épaulé par la musique de Roy Budd, il utilise d’une manière remarquable le décor sordide fourni par la ville de Newcastle. Le héros évolue dans des lieux qui respirent l’authenticité la plus déprimante et exsudent une tristesse et une fatalité palpables, qu’il s’agisse d’un lotissement encastré entre d’autres absolument identiques dans un quartier industriel, d’une zone portuaire ou d’une plage déserte où la mer et le sable se confondent avec la grisaille du ciel. Venu du documentaire, Mike Hodges enrobe son film d’une croûte réaliste, extraire de cette Angleterre sinistre et minière. On sent tout du long, de part les résonances sociales et le souci de filmer dans la rue en mettant en scène de véritables quartiers ouvriers, loin de tout romantisme cinématographique, l’influence du Free Cinema, mouvement proche de la Nouvelle vague française et dont Samedi soir – dimanche matin (1960) ou If… (1968) incarnent l’étendard le plus virulent. 

La loi du milieu reste aussi réputé pour le style qu’il développe, mêlant violence et érotisme. En parfaite adéquation avec le cadre lugubre qui sert de théâtre à l’histoire, la violence y est sèche, épidermique, à l’image de la réalisation austère et ascétique. Quant à l’érotisme, il se révèle au travers de deux scènes, filmées d’une manière originale, la première offrant l’anatomie charmante de Britt Ekland que Michael Caine fait jouir au téléphone, la seconde liant la conduire sportive d’une automobile et le coït en un montage très serré. Apparaissant dans la presque totalité des scènes, Michael Caine est bien sûr excellent, sobre selon son habitude. Dans un rôle peu sympathique, il livre à nouveau, avec ce charme si particulier qui n’appartient qu’à lui, une composition d’une grande force qui culmine lors d’une fin pleine de cynisme. 

Sans doute par politesse, l’acteur apportera sa caution à l’inutile remake qui en sera tiré en y faisant une apparition. Réalisé par le pale Stephen Kay avec Stallone (?), le Get Carter 2021 n’arrive évidemment pas à la cheville de son patron, en s’enfonçant dans une surenchère d’effets d’un maniérisme opposé à la sécheresse de la première version… (vu le 11.04.2021) ⍖⍖⍖⍖









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