On ne l'arrête plus. Non, entre Suicidal Madness dont Vestiges d'une ère est encore tout chaud (ou plutôt tout froid eu égard à la teneur macabre de son contenu) et Inexistence, son jardin - plus si secret - qu'il bine de façon compulsive, Psycho ne s'arrête plus. Qui s'en plaindra ? Personne et surtout pas votre serviteur qui ne cesse de souligner tout le bien qu'il faut penser de ce musicien, longtemps perçu comme simple guitariste mais que nous avons découvert il y a peu artisan sincère d'un dark ambient nimbé de touches électroniques. Depuis le séminal Désolation (2019), nous suivons son errance dans ces limbes burzumiennes, un peu maladroite (ce n'est pas grave) d'abord, de plus en plus maîtrisée et emphatique désormais. Au remarqué Danse Macabre, un premier album qui a couronné ces mois d'expérimentations et de tâtonnement, succède aujourd'hui A Journey Through Ancient Times. Déjà ! Pourrions-nous nous exclamer. Oui. Mais non car, comme le précise son géniteur, cet opus doit moins être considéré comme le véritable deuxième album d'Inexistence que comme une sorte d'interlude à la fois ludique et nostalgique. Son titre suggère un voyage dans les temps anciens, ceux d'un dungeon synth ancestral auquel l'obole souhaite rendre hommage. Pour ce faire, Psycho a remisé son goût pour l'electro et ses velléités pour la synthwave, leur préférant cette fois-ci une partition brumeuse et minimaliste, glaciale comme un cachot, macabre comme la mort en maraude dans un Moyen Âge fissuré par tous les maux de la terre. Et à nouveau, nous ne pouvons que nous incliner devant le résultat. Mieux, il est même permis de se demander si ce chemin plus orthodoxe et sinistre encore ne sied pas davantage à Inexistence qui y puise une sève aussi austère que dramatique. Sans renoncer à ses élans hypnotiques ('Channeling') ni gommer ses racines black metal (celui de Summoning, Wongraven ou Burzum, évidemment), le musicien nous plonge dans un univers médiéval, d'une ampleur orchestrale ('Tales Of The Abyss'), emporté par un souffle épique ('A Journey Through The Ancient Times'), embué par un voile fantomatique ('Necromancy') mais d'une tristesse solitaire toujours ('Hope Disappeared'). L'œuvre est courte mais chacune de ses pièces est ciselée à la manière d'un travail d'orfèvre, captant l'atmosphère désolée aussi bien que l'esprit du dungeon synth des années 90, hivernal et nocturne, comme un vestige venu du fond des âges. Edité en cassette par Forgotten Castle Records, A Journey Through Ancient Times aurait également - et plus encore - toute sa place au sein du catalogue de Gondolin Records. C'est dire à la fois sa qualité et sa nature nostalgique et sentencieuse. (05.04.2021 | LHN) ⍖⍖⍖
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