Grâce à Roux-Ga-Roux (2016) et Thrust (2018), DeWolff s'est aisément hissé au sommet du revival sixties et seventies actuellement à la mode. Du rock à la papa fait de guitares humides et d'orgue Hammond moelleux que saupoudre une pincée bluesy, telle est la formule imaginé par ces trois Bataves au look digne des Bee Gees avec poils et pelle à tarte. Un an à peine après Tascam Tapes, le trio est déjà de retour, s'appropriant la productivité métronomique de ses aînés et influences, Purple, Led Zep et autre Sabbath. De ceux-ci, il a également retenu l'importance d'aller à l'essentiel, de ne pas s'éparpiller en vain remplissage. Chaque album de DeWolff s'apparente ainsi à une brochette de chansons toutes plus imparables les unes que les autres. Fort d'une signature personnelle qui doit autant à la voix un peu androgyne du guitariste Pablo van de Poel qu'à la recette vintage décrite plus haut, est-ce pourtant à dire que le groupe n'évolue pas ? Il n'en est rien, évidemment, comme l'affirme Wolffpack, une rondelle aussi étonnante que généreuse. Plus que la présence de nombreux invités ou le fait que ses auteurs aient convié à leurs fans de choisir les dix titres (sur les dix-sept enregistrés) qu'il agglomérerait, ce neuvième album tire avant tout son suc de la vaste palette dans laquelle il trempe son pinceau.
Incarnée par les remuants et jouissifs 'Yes You Do' puis 'Treasure City Moonchild', l'entame est classique. Le premier morceau est bougrement énergique, offrant une véritable orgie de claviers et de guitare noyée sous les effets tandis que l'ex Wolfmother Ian Peres y appose ses lignes de basse. Le second accueille le guitariste de The Dawn Brothers, Bas van Holt, pour un résultat à l'empreinte blues encore plus affirmée. Mais à partir du velouté 'Do Me', le menu se fait moins batailleur, laissant le funk et la soul colorer des compos néanmoins toujours aussi finement ciselées et séduisantes. 'Sweet Loretta' se pare de touches Gospel du bel effet, tout comme l'énorme 'Half Of Your Love' qui semble s'être échappé d'un album de la Motown des années 60/70. Si 'Lady J.' et 'Bona Fide' renouent avec un (hard) rock plus lourd, sans pour autant déserter cette terre funky, 'Roll Up The Rise' et plus encore 'R U My Saviour' qui mélange énergie tenace et cuivres rutilants soulignent ce glissement vers une musique plus onctueuse. Au risque peut-être d'en décevoir certains qui jugeront Wolffpack un brin languissant, trop soul et tout simplement pas assez dur. A tort, car les Hollandais, en s'ouvrant à d'autres styles, se renouvellent tranquillement, faisant preuve d'un inoxydable brio pour fignoler des chansons aussi imparables que riches en ambiances et en instrumentation. Ce faisant, ils affirment encore davantage leur différence au sein du trip vintage ainsi qu'une sincérité soyeuse accouplée à une sève envoûtante. (27.03.2021 | MW) ⍖⍖⍖
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