Composé Composé de trois anciens membre de Church Of Void, il serait tentant de prétendre que Byron est simplement né des cendres de ce dernier et qu’il reprend à son compte son héritage. En vérité, il s’agit avant tout du projet de Johannes Lathi, certes précédemment batteur au sein du groupe défunt mais qui a tout d’abord lancé Byron sous la forme d’un véhicule solitaire où il se charge, en plus des fûts, de la basse et du piano. Ce n’est qu’au moment de graver The Omega Evangelion qu’il a réuni autour de lui une poignée de musiciens qu’il n’est donc pas allé chercher très loin. De Church Of Void, on croise donc, outre le maître des lieux, le guitariste Jyri Vahvannen (ex Horna) ainsi que le chanteur Magus Corvus. Jaakko Puusaari complète l’équipage à la seconde guitare tandis qu'est recrutée Johanna Eteläkari du groupe de pagan folk Kaarnekorpi, pour assurer les vocalises féminines. De cette large et nuancée palette vocale, Byron tire sa différence par rapport à Church Of Void avec lequel il ne partage finalement guère qu’une appétence identique pour les atours plombés. Si comparaison devait être tentée, c’est avant tout vers le tout aussi défunt et regretté The Devil’s Blood qu’il faudrait gratter. La présence prépondérante de la belle, prêtresse à la fois hantée et furieusement remuante qui n’est parfois pas sans évoquer sa consœur Farida Lemouchi et surtout ce rock antédiluvien comme échappé du fond des années 70, participent de cette délicieuse filiation. En moins sombre et occulte toutefois, même si l’âpreté de (parcimonieuses) éructations gutturales contribue à hachurer de noirceur un ensemble plus addictif que ténébreux. Ces rares moments plus hargneux (‘Amalthea’ qui tombe un peu comme un cheveu sale dans la soupe malgré une fin de parcours plus légère) n’ont d’ailleurs pas notre préférence, contrairement aux titres que Johanna irrigue seule.
Soit - heureusement – l’essentiel d’un menu trapu qui fait donc la part belle à ces envolées féminines auxquelles il paraît bien difficile sinon impossible de résister, ce dont témoigne d’emblée ‘Through The Eye Of The Nigthingale’, que lance une intro du feu de dieu. En un peu plus de cinq minutes vigoureuses, les Finlandais nous ferrent pour ne plus nous lâcher avec ce doom rock à la fois nostalgique et lumineux charriant une mélodie entêtante. L’alliage entre cet organe féminin ensorcelant et ces guitares nerveuses traçant dans la chair de délicates stigmates fournit des compositions ravageuses, que colorent de discrètes notes de piano (‘Com, Drought And The Lord’) ou un chant masculin profond (‘Oktober’aux charmes gothic rock). The Omega Evangelion n’en brille pas moins de multiples lueurs, entre la douce mélancolie berçant ‘Oasis Of Tranquillity’ ou la sinuosité d’un ‘Night Watch dont la lenteur de l’amorce cède ensuite le terrain à une expression à la fois plus énergique et surtout plus lourde avec des harmonies de guitares très heavy. La superbe conclusion instrumentale (‘Over The Wall’) confirme l’étonnante progression de l’album que dessine une première moitié mordante dominée par le chant de Johanna avant de se frayer par la suite un chemin moins direct, plus évolutif où la présence de Magus Corvus se fait plus prégnante. A l’arrivée, nous obtenons un galop d’essai irrésistible, plus rock que doom et bien moins prévisible qu’il n’en a l’air. Illustrant l’inusable habileté de musiciens finlandais réunis sous la forme d’une véritable dreamteam de la chapelle extrême (ou pas) finnoise, Byron est promis à un bel avenir à condition qu’il ne se réduise pas au simple side-project d’activistes métalliques trop occupés ! (09.04.2021 | LHN) ⍖⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire