Alors qu'il n'a plus vraiment donné signe de vie discographique depuis bientôt six ans, (trop) long tunnel toutefois interrompu par Burn, simple EP sur le papier mais dont la durée voisinant avec la demi heure pourrait presque le confondre avec un véritable album, The Bottle Doom Lazy Band choisit bizarrement le format live pour marquer son retour dans les bacs ! Ce choix pourra paraître curieux sinon décevant car nombreux sont ceux à n'en plus pouvoir attendre le successeur de Lost n' Drunk. En vérité, et outre le fait que les Français n'ont jamais été réputés pour un stakhanovisme effréné (sept ans séparait déjà cette seconde offrande de Blood For The Bloodking), proposer un tel objet n'est pas anodin quand on sait que c'est certainement sur les planches que nos doomeux poitevins prennent toute leur (dé)mesure, authentiquement sale et suant le cambouis. L'histoire du hard rock puis du metal est jalonné de lives mémorables qui ont façonné le genre mais l'exercice est plus rare aujourd'hui et généralement l'apanage des grands. Souvent aussi, le son y est retravaillé, nettoyé afin de gommer les inévitables imperfections, au point d'oublier ce qui fait justement l'essence de la scène. Ecueil bien entendu évité par The Bottle Doom Lazy Band qui durant plus d'une heure et dix titres, se dévoile tel qu'en lui-même, sans fard ni esbroufe. C'est du brut de chez brut. Garanti 100% sans OGM dedans, 2005-2020 Doom Over The Years semble ainsi avec avoir été capté à même la console de l'ingé son. De toute façon, on n'imagine guère le groupe bénéficier d'un enrobage trop propre, trop lisse, qui ne sied absolument pas, ni à son état d'esprit ni au doom qu'il forge, pur et dur.
De fait, capturé à trois moments et dans autant de lieux différents (en Suisse en 2012 puis en France en 2015 et 2016), ce live tend un instantané extrêmement juste de ce qu'est TBDLB en vrai, sur scène ou pas. L'écoute de cette soixantaine de minutes nous transporte directement dans ces petites salles que le groupe écume. On a l'impression d'y être, serré, une pinte de bière servie dans un verre en plastique à la main, des gouttes de sueur perlant sur le front à force de remuer dans une touffeur de plus en plus élevée de toute façon. Les mecs sont là, à portée de mains. Suffit de fermer, on s'y croirait. Ceux-ci n'ayant rien à offrir de neuf, ce live est aussi l'occasion de se rappeler à notre (très) bon souvenir et, comme son titre l'annonce, de fêter les quinze ans du combo. Alignant ces enregistrements de manière de chronologique, Doom Over The Years permet de balayer dans l'ordre la carrière de ses géniteurs. La moitié du programme puise dans un concert donné à Luzerne le 19 mai 2012, la soirée durant laquelle ont été récités les pesants et épiques 'Blood For The Bloodking', 'The Dead Can't Love Again', 'Ridin' Bones' et surtout 'Night Of The Living Dead' et 'The Beast Must Die', mélange parfait de rock graisseux gorgé d'effets humides et de dolorisme sentencieux imbibé d'un blues crasseux. Gravés lors de deux dates françaises, 'Smiling Tomb' et 'Space Crusader' arborent une prise de son encore plus crue. Trop peut-être pour leur rendre justice comme il se doit. En revanche et en comparaison, 'Lost n' Drunk' a été saisi avec une étonnante pureté sonore, ce qui permet de goûter à la fois à ses charmes empreints d'une solennelle inexorabilité et au timbre habité de Bottle Ben, physique imposant et présence velue. Même constat pour l'énorme 'Too Old' aux guitares coulés dans le bronze des Saint Vitus et autre Pentagram. Loin d'être incongrue, la version acoustique de 'Into The Necronef' qui ferme le ban, s'intègre parfaitement au propos par son dépouillement mélancolique. 2005-2020 Doom Over The Years propose un résumé de la carrière de The Bottle Doom Lazy Band, qu'il photographie sur scène et dans son jus. Authentique ! (30.03.2021 | LHN) ⍖⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire