1 octobre 2021

CinéZone | Sidney Lumet - Le crime de l'Orient-Express (1974)




Entre les adaptations déjà poussiéreuses à l'époque de George Pollock (Meurtre au galop, Lady détective entre en scène) et l'académisme des films de John Guillermin (Mort sur le Nil) et de Guy Hamilton (Le miroir se brisa, Meurtre au soleil), on ne peut pas dire que Agatha Christie ait beaucoup inspiré le 7ème art. Il existe toutefois quelques exceptions : Les dix petits nègres de Peter Collinson ainsi que la version de René Clair, Témoin à charge de Billy Wilder et bien entendu Le crime de l'Orient-Express. S'il semble étonnant de retrouver Sidney Lumet aux commandes d'un projet comme celui-ci, désuet par son sujet et une partie de son casting, coincé entre Serpico (1973) et Un après-midi de chien (1975), c'est oublier que le réalisateur n'hésitait pas à cette époque à vagabonder entre le fantastique (Les Yeux de Satan) et la romance (Lovin' Molly), loin du thriller et du polar auxquels on l'associe. Néanmoins, son appétence pour les espaces clos et un récit circonscrit à un groupe de personnages (Douze hommes en colère) se lit au travers de cette intrigue policière diabolique quoique artificielle. Fidèle au roman d'Agatha Christie qui rappelle évidemment l'enlèvement du fils de Charles Lindbergh, Le crime de l'Orient-Express demeure davantage un exercice de style qu'une oeuvre personnelle. On en retiendra avant tout sa minutieuse reconstitution d'époque et de l'intérieur du train ainsi que sa formidable distribution, laissant deviner le plaisir que Lumet a pu tirer de diriger des comédiens de la trempe d'Albert Finney, malicieux en Hercule Poirot, Richard Widmark, Anthony Perkins, John Gielgud, Lauren Bacall, Ingrid Bergman ou Sean Connery qu'il retrouve pour la cinquième fois. Mais là où échoueront les futures adaptations sans âme de Guillermin et Hamilton, modelées sur le même patron, Lumet offre au contraire un spectacle jubilatoire, techniquement habile, teinté d'humour et qui évite de tomber dans le piège tendu par son défilé de stars qui aurait pu faire de lui qu'une simple galerie aussi belle que vide. C'est la marque des grands. (vu le 20.03.2021) ⍖⍖⍖


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