Qu'importe qu'il trahisse quelque peu le roman de Jean-Paul Rouland et Claude Olivier, Le commissaire Tanquerelle et le frelon, Tendre poulet est un savoureux divertissement mêlant avec habileté comédie (surtout) et intrigue policière (un peu). Davantage que les dialogues de Michel Audiard, l'humour doit presque tout au formidable couple de cinéma qu'incarnent Annie Girardot au sommet de sa carrière et Philippe Noiret, reformé quelques cinq ans après La vieille fille de Jean-Pierre Blanc. Jouant sur les antagonismes entre leur personnage respectif, elle, flic en jupons qui passe son temps à trottiner, véritable dynamo vivante, lui, professeur de grec ancien, bonhomme et vieux garçon. Ils sont évidemment parfaits dans des rôles taillés pour eux. Plus anecdotique, l'aspect policier vivote au travers de ces députés exécutés les uns après les autres distillant alors fugacement mais non sans efficacité une atmosphère inquiétante à laquelle cette vieille usine abandonnée et mangée par la végétation, fournit un cadre que le cinéphile n'oubliera pas. Une distribution sympathique (Guy Marchand, Hubert Deschamps, Georges Wilson...) et sexy (Catherine Alric dont on regrette qu'elle n'ait pas fait une meilleure carrière), les nombreuses vues de Paris et de Honfleur, la partition de Georges Delerue et un rythme truculent, réglé sur le dynamisme de cette commissaire montée sur des ressorts, participent également du charme sans prétention de cette comédie policière et populaire emballée par un Philippe de Broca toujours à l'aise dans ce genre de distraction familiale en béton armé. Le succès sera au rendez-vous, poussant l'équipe à se retrouver deux ans plus tard mais avec moins de bonheur, à l'occasion de On a volé la cuisse de Jupiter où le polar cède la place à l'aventure. (vu le 03.04.2021) ⍖⍖⍖⍖
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