22 octobre 2021

CinéZone | Peter Sykes - Une fille pour le diable (1976)




Une fille pour le diable pâtit d'une réputation plutôt calamiteuse. Nombreux sont d'ailleurs ceux qui, à l'époque, n'en étaient pas satisfaits. Dennis Wheatley, l'auteur du bouquin adapté, romancier féru d'occultisme qui a souvent inspiré le cinéma (Les vierges de Satan) et ami personnel de Christopher Lee, s'est senti trahi. Richard Widmark, dont on se demande ce qu'il vient faire là, n'était semble-t-il guère convaincu, autant par le scénario que par le tournage mais, en grand professionnel, il ne le montre à aucun moment. Nastassja Kinski  a regretté d'y apparaitre totalement nue. Alors âgée de 14 ans, il est ainsi troublant de la voir se dénuder ou mimer la jouissance, ce qui participe néanmoins - nous y reviendrons - du climat érotique et charnel qui imprègne le film. Celui-ci ne rencontre guère de succès et précipita l'arrêt de la Hammer dont c'est la dernière production fantastique. Une fille pour le diable se solde-t-il pour autant par une pure catastrophe ? Non car il a quand même pour lui quelques qualités. Certes, sa seconde partie n'évite pas le ridicule tandis que la fin parait trop expéditive. Mais dans sa tentative de moderniser les thèmes horrifiques qui ont fait le succès de la Hammer, le métrage n'a pas moins de charme que Dracula vit toujours à Londres et Dracula 73, tous les deux réalisés par Alan Gibson et déjà mal reçus par la critique. On devine que le studio cherche à tirer profit du triomphe commercial rencontré par L'exorciste et ses avatars (La malédiction sorti la même année), sur un mode néanmoins bien plus mineur. Artisan solide de l'épouvante britannique des années 70 (Les démons de l'esprit), Peter Sykes fournit un travail qui ne manque pas d'idées visuelles, drapant son matériau dans un érotisme aussi malsain qu'incestueux. Dans cette atmosphère trouble, Une fille pour le diable tire tout son sel, davantage que dans la conduite trop linéaire d'un scénario pourtant pas si irréaliste bien qu''il fleure bon l'occultisme de bazar en un salmigondis très loin de l'oeuvre de Wheatley. Christopher Lee se montre évidemment très à son aise, de même que Nastassja Kinski qui distille déjà une présence magnétique. En revanche Denholm Elliott en fait des caisses en père alcoolique cherchant à rompre le pacte qu'il a passé alors que Honor Blackman écope d'un rôle sacrifié (à tous points de vue). Quand à Widmark, il assure le minimum syndical mais son charisme et son métier suffisent à conduire le récit. Une fille pour le diable n'est pas le navet auquel son échec l'a condamné mais ne peut soutenir la comparaison ni avec les chefs d'oeuvre passés de la Hammer ni avec la nouvelle vague de films d'horreur des années 70...  (vu le 04.04.2021)  ⍖⍖




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