Grand pourvoyeur de comédies et admirable portraitiste de femmes, comme l'illustrent les pétillants Madame porte la culotte (1949), Comment l'esprit vient aux femmes (1950), My Fair Lady (1964) ou justement Femmes (1939), George Cukor nous rappelle avec A Life Of Her Own (Ma vie à moi en français) que le drame lui réussit moins, même si Une étoile est née (1954) infirme cette sentence. Nous attendions pourtant beaucoup de cette histoire qui suit une jeune provinciale débarquant à New York sans le sou pour faire carrière dans la mode. Las, malgré sa belle tenue, Cukor oblige, le film déçoit. A qui ou à quoi imputer cette déception ? A Lana Turner peut-être, incontestablement trop vieille pour le rôle mais qui trouve dans ce personnage l'occasion de briser son image de femme fatale et vénéneuse que Le facteur sonne toujours deux fois (1956) ou Les trois mousquetaires ont contribué à façonner. A un scénario par trop prévisible et finalement ennuyeux, lequel troque peu à peu un sujet proche du Eve de Joseph Mankiewicz (l'ascension d'une star - ici de la mode - qui éclipse une aînée devenue dépassée avant de finir elle-même remplacée par une nouvelle recrue) pour une histoire d'amour contrariée entre l'héroïne et un homme évidemment mariée mais dont l'épouse est paralysée. Mais les seconds rôles sont solidement tenus par Louis Calhern ou Tom Ewell, dont la première scène augurait d'ailleurs d'un film plus ravageur. Et surtout, Ray Milland, qui semble avoir rejoint le film que tardivement alors que le tournage avait déjà démarré, confère à l'ensemble une mélancolie voire même une espèce de sourde brutalité dans cette relation amoureuse aussi tendue que complexe qui fournit de réjouissantes saillies entre les deux comédiens. Cette noirceur diffue rachète quelque peu la banalité du propos mais ne suffit pas à élever A Life Of Her Own au-dessus du morne drame bavard et languissant. (vu le 06.04.2021) ⍖⍖
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