4 septembre 2021

KröniK | Iron Maiden - A Matter Of Life And Death (2006)




Le retour en fanfare de Bruce Dickinson tenait-il donc du pétard mouillé ? La question était légitime, car si Brave New World , l’album qui incarna son come-back (et celui du guitariste Adrian Smith, il ne faudrait pas l’oublier !) au sein de la Vierge de Fer qu’il avait quitté en 1993, s’imposa d’emblée comme une des pierres angulaires de la longue discographie des Rosbifs, on ne pouvait pas en dire autant du médiocre Dance Of Death, qui lui succéda trois ans plus tard et sur lequel planait le spectre du raté No Prayer For The Dying (1990). Certaines mauvaises langues commencèrent à penser que l’euphorie des retrouvailles passée, Maiden allait reprendre les rails d’une retraite bien méritée, que The X Factor et Virtual XI avaient contribué à poser, jugement injuste s’il en est. C’était méconnaître les (désormais) vieux briscards. L’éclatante réussite de ce quatorzième opus n’en a que plus de valeur. Steve Harris et sa bande ont-ils senti que la machine reprenait son ronron – ce qu’ils ne reconnaîtront de toute façon jamais – ? Toujours est-il que A Matter Of Life And Death peut d’ors-et-déjà être considéré comme le meilleur album du groupe depuis certainement Seventh Son Of A Seventh Son. L’analogie n’est d’ailleurs pas anodine, tous les deux se révélant au final assez proches : deux concept-albums sombres propulsés par des influences progressives des plus évidentes. Alors bien sûr les Ayatollahs de l’âge d’or argueront que, bien entendu, c’était (forcément) mieux avant. Il serait du reste exagéré de coller l’étiquette Seventh Son Of A Seventh Son bis sur ce nouvel opus qui s’inscrit malgré tout dans le sillage de ses deux prédécesseurs (on pense souvent aux meilleurs moments de Dance Of Death). Mais il est un fait que l’on ne peut nier : Iron Maiden n’a pas encore tout dit. Les dix cartouches en présence le démontrent. 



Comme souvent depuis No Prayer For The Dying, l’écoute débute par un titre accrocheur, court, peu mémorable et interchangeable (” Different World “). Les choses sérieuses débutent réellement avec l’épique ” These Colours Don’t Run “. On prend alors conscience que les Anglais ont non seulement pas encore tout dit, mais surtout que leur musique en dépit d’invariants immuables (de la voix reconnaissable entre mille du Bruce aux cavalcades, cela reste du pur Maiden) vit, n’est pas figée. Très longs, progressifs, complexes et noirs, ces titres liés les uns aux autres par le fil rouge (sang) de la guerre témoignent d’une densité, d’une profondeur, d’un équilibre dans l’écriture qui illustrent la maturité à laquelle les six musiciens sont aujourd’hui parvenus. Chacun donne le meilleur de lui-même, aidé par la production puissante du désormais incontournable Kevin Shirley, véritable septième membre du groupe. Et si A Matter Of Life And Death n’est pas exempts de menus défauts – il est sans doute trop long et deux ou trois morceaux, tels que ” Out Of The Shadows, notamment, font un peu office de remplissage –, la majorité des titres s’élèvent bien au-dessus de la mêlée, de ” Brighter Than The Suns ” au presque dark ” The Longest Day “, de l’entraînant ” The Pilgrim ” au gigantesque ” For The Greater Good Of God “, certainement l’apogée de l’ensemble avec son refrain de toute beauté et ses lignes de basse typique de Steve Harris, de ” The Reincarnation Of Benjamin Breeg “, bâti sur des riffs ultra pesants inhabituels chez Maiden, au tragique ” The Lord Of Light ” et son intro lente et posée, quasi murmurée des plus surprenantes, sans oublier le terminal ” The Legacy “, faux frère jumeau du précédent à la construction quasi identique. Pas d’hymnes à reprendre en choeur comme autrefois (ce n’est pas grave) mais des chansons aux allures de travail d’orfèvreries, parfaitement architecturées. Si vous ne comprenez pas pourquoi Iron Maiden demeure une référence près de trente ans après ses premiers rôts, jetez donc voir une oreille (cela devrait suffire) sur A Matter Of Life And Death, et on en reparlera. Combien de groupes de sa génération parviennent encore aujourd’hui à pondre quelques unes de leurs meilleures créations ? Judas Priest ? Saxon ? Def Leppard ? Metallica ? Vous n’avez pas autre chose ? A part la Vierge de Fer, on ne voit pas ! Certainement l’un des incontournables de l’année 2006. Tout simplement. (26/01/08) ⍖⍖⍖

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