13 août 2021

KröniK | Suicidal Madness - Vestiges d'une ère (2021)




Il y a dix ans, Suicidal Madness accouchait de la démo Les tourments de l'âme, son premier signe de vie. Depuis, un split, une seconde ébauche et surtout trois offrandes ont coulé sous les ponts, décade qui a vu le groupe affronter la mort, celle de son batteur Molasar, qui s'est suicidé en 2011, mais grandir aussi, affirmer son identité et finalement s'imposer parmi les saigneurs d'un black metal engourdi par un éternel spleen. Afin de fêter cet anniversaire comme il se doit, les Français ont décidé de réenregistrer une poignée de plaintes de leur répertoire, manière également de fermer le premier chapitre bien rempli, tant émotionnellement que musicalement, d'une carrière dont on sait qu'elle a encore beaucoup de sentiments à exprimer. Ce travail de relecture se justifie en outre par la solidité du line-up qui forme aujourd'hui Suicidal Madness autour du noyau historique composé du chanteur Alrinack, et des guitaristes Psycho et Malsain, capable de rénover des compositions pourtant déjà excellentes à la base. Le bassiste Nekros (ex Mourning Forest) et le batteur Frakkr (ex Sangdragon) complète ainsi ce trio. 




En six titres dont une reprise inédite sur laquelle nous reviendrons plus loin, Vestiges d'une ère butine les méandres des Larmes du passé et de Illusions funestes, opus respectivement gravés en 2015 et 2016. Du premier sont extraits le morceau-titre, 'Jour de pluie' et coma', du second, 'Mort' et 'Corps dans un corps'. Les fidèles pèlerins ne seront pas dépaysés par ces recréations toutefois subtilement différentes de leur matrice d'origine en ce sens que leurs auteurs ont souhaité leur conférer une expression plus brute et organique, plus proche en cela des versions live. Sans pour autant diluer une gravité empreinte de noblesse sur l'autel d'une efficacité dépouillée. Ces ruminations mélancoliques demeurent toujours aussi dramatiques, évocatrices de paysages désolés, figés dans un désespoir boueux dont les guitares polluées tracent les obsédants sillons ('Mort'). Et quel plaisir (masochiste) d'embrasser de nouveau des poèmes funèbres tels que 'Les larmes du passé' ou 'Corps dans un corps' dont la lancinance inocule dans les veines les images d'une vie meurtrie, longue et futile attente avant une issue funeste. Forcément funeste. S'il sait enfermer son propos dans un format aussi épuré que ramassé (pour le genre s'entend), Suicidal Madness expose avec les onze minutes que dure l'agonisant 'Coma' son emprise sur les longues processions dont il cisaille d'hypnotiques lambeaux de brume. Egrenant sa tristesse solitaire, l'écoute meurt sur 'Remember Sadness', hommage à Seiji Yokoyama, compositeur des musiques des dessins animés de notre enfance (Albator et surtout Les chevaliers du zodiaque). Compilation déguisée ou porte d'entrée pour ceux qui ne le connaitraient pas encore, Vestiges d'une ère feuillète avec cette affliction à la fois entêtante et incisive qui n'appartient qu'à lui, le livre passionnant que Suicidal Madness écrit depuis dix ans et que le successeur du remarqué Dégénérescence devrait dans quelques temps enrichir... (24.02.2021 | LHN) ⍖⍖⍖

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