18 août 2021

KröniK | Sanguisugabogg - Tortured Whole (2021)




Un logo illisible, un nom de groupe à l'avenant, une démo tendrement baptisée Pornographic Seizures, suivie aujourd'hui d'un premier album aux titres de chanson fleuris ('Menstrual Envy', Urinary Ichor' ou 'Dead As Shit') suffisent déjà à se faire une idée assez précise du genre de metal que Sanguisugabogg régurgite : fétide et sentant bon la cuvette ! Bref, c'est donc du death qui écarte la fente du pornogrind. Les Américains citent volontiers Mortician, Cannibal Corpse ou Obituary comme combustible. Mais le fait que le puissant et plutôt mainstream Century Media les ait signés autorise une expression pas trop infâme quand même ni trop cradingue. Juste ce qu'il faut. Les vocalises hésitent entre le beuglement de porc en rut et la remontée d'acide caverneuse, la batterie sonne comme une casserole tandis que les guitares sont accordées plus bas que terre. Le tempo ne file jamais droit et la purée grumeleuse est crachée à la vitesse d'un puceau prépubère, en une ou trois minutes montre en main. Certains font bien pire que lui, confirmant que Sanguisugabogg n'est décidément pas la bestiole fécale attendue. Ou crainte, c'est selon. 




Quelques rampantes perforations au fond d'un charnier fumant ('Tortured Whole', 'Dick Filet' ou bien 'Felching Filth') et surtout de salvateurs interludes aussi improbables que curieux, à l'image de ce 'Pornographic' qui semble tout droit sorti de la bande originale gravée par Giorgio Moroder pour le "Scarface" de Brian De Palma, poinçonnent ce menu bourru en lui évitant de patauger dans une trop grande linéarité sans jamais l'exonérer pour autant de ces miasmes purulents comme de la chair avariée et sales comme un Tampax usagé. Tout cela fait-il de Tortured Whole un bon album ? Les amateurs de death morbide qui sucent les mamelles suppurantes du gore trouveront là un brouet ragoutant, les autres, sensibles à plus de sophistication ou au contraire à plus de barbaque baignant dans le foutre, passeront leur chemin. Avec ses onze saillies en à peine plus de trente minutes, ce premier méfait de Sanguisugabogg est à prendre pour ce qu'il est, une éruption de pus sauvage et épaisse suffisamment audible et rugueuse pour donner envie de taper du pied mais qui évite de trop barboter dans la bouillie, révérence aux premiers bouchers du death metal, l'innocence putride en moins. (01.03.2021 | MW) ⍖⍖

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