11 août 2021

KröniK | The Pretty Reckless - Death By Rock And Roll (2021)




Après une fulgurante ascension jalonnée de trois albums, Light Me Up (2010), Going To Hell (2014) et Who You Selling For (2016), qui l'ont installé au sommet des charts américains, The Pretty Reckless s'est montré discret ces quatre dernières années. La raison principale de ce silence discographique est à chercher dans les drames que le groupe a dû affronter. Le premier est la mort, le 18 mai 2017, de Chris Cornell avec lequel il tournait alors. Plus qu'une simple amitié, une relation intime liait les New-Yorkais au chanteur de Soundgarden. Un an plus tard, le 25 avril 2018, leur producteur, Kato Khandwala, se tue dans un accident de moto, second décès qui les affecte profondément car plus qu'un technicien, l'homme était considéré comme un membre à part entière du groupe, celui qui leur donnait l'élan nécessaire pour créer, avancer. Se remettre au travail fut difficile. Death By Rock And Roll est né de ces épreuves et de ce besoin de se reconstruire. Son titre résonne comme une évidente catharsis, laissant deviner un menu aussi sombre que personnel. A l'instar de son compatriote In This Moment, dans un registre toutefois moins vulgaire sinon racoleur, The Pretty Reckless s'avère être une formation qui mérite mieux que son image de musiciens formatés pour les ondes US et les ados en mal de sensations fortes mais pas trop quand même. Nourri au grunge et d'une manière plus générale au (hard) rock et au blues rock, le matériau qu'il bétonne ne manque pas d'épaisseur, plus noble et charpenté que celui de Maria Brink et ses garçons avec lesquels on l'associe maladroitement parce les deux formations sont menées par une blonde chanteuse et que Taylor Momsen figure en invité sur "Mother", le dernier opus en date de In This Moment. Le parallèle s'arrête là. 




Comme le rappelle encore davantage ce quatrième effort qui s'élève bien au-dessus du disque fabriqué pour séduire les radios américaines. Certains titres, par leur facilité, sont évidemment taillés pour elles. Citons 'Turning Gold' au demeurant très réussi car rehaussé de discrètes touches orientales en conclusion, 'Rock And Roll Heaven', mid-tempo tranquille aux accents country rock ou bien encore 'Got So High'. Les moments les plus tendres ('Standing At The Wall'), néanmoins théâtres de performances sensuelles de la belle qui y confirme alors l'étendue d'une palette vocale puissante et moelleuse, n'ont pas notre préférence contrairement aux chansons plus hargneuses. En guise d'amorce, 'Death By Rock And Roll' sort les griffes et les riffs acérés. Vibrant d'une énergie charnelle, 'Only Love Can Save Me Now' emporte lui aussi l'adhésion, tout comme le lourd et sauvage 'And So I Went', garni de chœurs d'enfants tandis que 'My Bones' et 'Witches Burn' façonnent un visage de The Pretty Reckless d'une douceur rampante. Mais l'apothéose de l'écoute est incarnée par le gigantesque '25', pulsation ambiancée et puissamment émotionnelle, que d'aucuns décrivent à raison comme un pur hymne à la manière des bandes originales de James Bond. Justifiant presqu'à lui seul l'acquisition de cet album, ce titre ouvre les vannes d'une sève noire et pourtant salvatrice, témoignage parfait des tourments qui ont secoué le groupe mais aussi - et surtout - la force de vivre qui les anime. Si avec Death By Rock And Roll, il cède parfois aux ballades veloutées et ne manque jamais de faire de l'œil aux ondes américaines, The Pretty Reckless n'en signe pas moins un grand disque de rock tout court dont la précieuse valeur se niche dans ses méandres les plus mordants et dramatiques. Les meilleurs groupes sont souvent ceux qui se nourrissent des drames qu'ils subissent. Taylor et sa bande en font assurément partie. (21.02.2021 | MW) ⍖⍖⍖

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