Publiées seulement en 2004, soit huit ans après leur mise en boîte, et vendues sous l’étiquette solo d’un Tony Iommi à nouveau en odeur de sainteté depuis le come-back de la chauve-souris Ozzy au sein du Sabbat Noir, ces sessions réunissant le guitariste et l’immense Glenn Hughes sont de fait demeurées très longtemps au fond d’un tiroir. A cela rien d’incompréhensible lorsque l’on garde en mémoire le peu de cas que beaucoup faisaient de Black Sabbath et de son leader au milieu des années 90. Pour parler franchement, après le pétard mouillé que fut le retour de Dio aux côtés du dinosaure le temps d’un unique opus, l’injustement méconnu Dehumanizer, le groupe atteint ensuite les profondeurs de l’indifférence. Ajoutons à cela la participation d’un Hughes, alors certes à nouveau clean après une bonne décennie passer à évoluer tel un zombi, mais dont la carrière ne semble néanmoins pas (plus) intéresser grand monde et ce en dépit d’albums de haute volée, et vous comprendrez pourquoi à l’époque personne ne s’excitait vraiment beaucoup sur ces enregistrements. Découvert aujourd’hui, The 1996 Dep Sessions s’impose pourtant comme une vraie bombe de hard rock mâtiné de heavy. Les huit titres qui le composent sont même alors ce que Iommi a sans doute enfanté de mieux depuis Born Again en 1983. Il est même légitime de se demander si l’on a à faire au même musicien qui a écrit les insipides Cross Purposes et Forbidden, les deux derniers Sabbath. Ils sont surtout plus réussis que ceux figurant au menu de Seventh Star (1986), le fruit de la première association du guitariste avec le bassiste alors défoncé du matin jusqu’au soir.
Plus mélodique que le répertoire de Black Sabbath (” Don’t Drag The River “), bien que toujours pourvu d’un sacré quota de plomb (le quasi doom ” Time Is The Healer “), déversé par les accords telluriques écris à l’encre noire de l’autre homme en noir (” Don’t You Tell Me “, les riffs hypnotiques de ” Fine “), cette seconde rencontre semble avoir été touchée par la grâce divine. Huit titres, huit perles, huit concentrés d’un hard rock alliant la puissance, la lourdeur, la beauté et la mélancolie (la course en avant désespérée ” I’m Not The Same Man “), sentiment dont le principal vecteur demeure le chant gorgé de feeling du grand Glenn, quand bien même le légendaire gaucher sait également toucher le cœur, comme l’illustre son déchirant solo émaillant les dernières mesures du tragique ” It Falls Through Me “. On ne peut que regretter qu’un tel disque ne puisse bénéficier d’une vraie vie. Chacun des membres de l’hydre à deux têtes étant bien occupé (surtout le chanteur), il y a peu de chance que ces chansons dépassent un jour le cadre de l’écoute égoïste et isolée entre les quatre murs d’une pièce. A elles seules, ces 1996 Dep Sessions écrasent pourtant de la tête et des épaules l’intégralité de la discographie du père Osbourne dont le soi-disant génie reste aujourd’hui encore à prouver ! La bonne nouvelle est que les deux lascars ont décidé, peut-être galvanisés par l’excellent accueil réservé à cette cuvée, de remettre le couvert pour ce qui promet d’être encore un cran en-dessus. Vivement la suite… (18/02/2008) ⍖⍖⍖
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