Aberration, qu'il ne faut pas confondre avec une dizaine d'homonymes, crache en ce début d'année 2021 son premier (petit) méfait, long d'à peine quinze minutes au jus. S'il est toujours délicat d'aborder ainsi l'acte de naissance d'un groupe qui, par définition, ne peut être comparé à d'autres offrandes, à fortiori lorsque ce galop d'essai se limite à un EP trois titres, deux indices permettent cependant, avant même d'en déflorer l'hymen, de se faire une idée du contenu de la bestiole. Le premier réside dans le label qui le publie. Exigeant et farouchement attaché à une expression aussi viciée que torturée, Sentient Ruin Laboratories n'est pas vraiment réputé pour signer ni des raclures ni du metal franchement accessible. Nous pouvons donc une fois de plus faire confiance à l'écurie californienne, ce quart d'heure de musique sera oppressant, tendu comme une verge prête à éjaculer son nectar, déchirant la peau d'un black death abyssal et monstrueux. Le second indice est fournit par l'identité des musiciens eux-mêmes. Ceux-ci demeurent mystérieux quant à la répartition des tâches de chacun au sein du groupe mais au moins sait-on que Dylan Haseltine de Suffering Hour ou John Hancock de Void Rot l'animent. Gage d'une qualité technique certaine et d'une allégeance sincère aux forces obscures. Voilà ainsi le cadre posé, qu'on devine terrassant et bestial tout ensemble. La plongée dans l'intimité charbonneuse de ces trois saillies le confirme. Golem grouillant aux contours opaques, tout ici est fait pour gommer les frontières et les individualités. Anonymes, les trois pistes se succèdent à un rythme effréné, indivisibles, participant de cette impression d'avoir à affronter un bloc de matière noire et brute, dressé tel un vît malfaisant dans l'éternité d'une nuit souterraine. Le chant est tellement caverneux qu'il en devient inaudible tandis que guitares, basse et batterie érigent un étau qui vous enserre d'emblée pour ne plus vous lâcher jusqu'aux ultimes soubresauts. Les Américains n'ont pas besoin de plus de temps que ces quinze minutes qui paraissent en faire le double (au bas mot) pour forer les entrailles d'un black death suffocant aux allures de strates qui se chevauchent en une tectonique étouffante. Inutile de chercher à détailler chacune de ces trois compositions tant celles-ci s'enchaînent les unes aux autres, se mélangent, s'accouplent en un organisme tentaculaire dont la force tient justement dans ce caractère compact et inviolable. Aberration se fend ainsi d'un coup d'essai effrayant, annonciateur d'un futur abominable dont on imagine encore mal les sévices et les séquelles qu'il devrait causer dans nos esprits masochistes... (16.02.2021 | LHN) ⍖⍖
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