Le cinéma américain des années 40 et 50 regorge de perles méconnues. A Blueprint For Murder compte ainsi parmi ces productions dont la qualité est inversement proportionnelle à leur modeste budget. La présence au générique de Joseph Cotten et de Jean Peters ne doit donc pas vous tromper, Meurtre prémédité (en français) affiche tous les invariants propres à la série B mais la grande série B. Tournage à l'économie, format serré (76 minutes), noir et blanc, autant de signes distinctif dont se nourrit admirablement Andrew L. Stone, réalisateur aussi curieux que complet car également scénariste et producteur. Des bobines telles que Témoin de la dernière heure (1950), The Steel Trap (1952), Nuit de terreur (1955), Cri de terreur (1958) ou Panique à bord (1960) auraient pu (dû) en faire un auteur du même acabit qu'un Don Siegel par exemple. Ce qu'il n'a jamais pu être. Pour quelles raisons ? On ne sait. Dans tous les cas, un film de la valeur de A Blueprint For Murder rappelle tout le bien qu'il faut penser de lui. Sa mise en scène y est précise, usant habilement de la profondeur de champ. La séquence de l'interrogatoire de Lynn Cameron comme toutes celles se déroulant dans l'enceinte du commissariat sont emballées et cadrées d'une main de maître, trahissant ce savoir-faire rigoureux qui place Andrew Stone bien au-dessus du bataillon d'artisans chevronnés dans lequel l'histoire l'enferme. Son scénario s'inscrit dans le sillage d'Un si doux visage, jouant sur la culpabilité de femmes aux traits rassurants sinon angéliques. Mais en choisissant Jean Peters (Le port de la drogue), actrice au talent singulier exsudant le désir par tous les pores, le metteur en scène ne laisse planer guère de doute quant à la responsabilité de son personnage dans la mort de sa belle-fille. De fait, le suspense se déporte sur un autre terrain, celui de la justice, légitime mais désarmée face à ce type de meurtre par empoisonnement, personnelle mais empreinte de doutes car Joseph Cotten est tiraillé entre la nécessité de sauver son neveu qu'il pressent menacé et la peur de commettre une erreur en décidant d'empoisonner à son tour la jeune femme. Encadré par des seconds rôles impeccables (Gary Merril, Jack Kruschen), le couple vedette, qui se retrouve peu après le Niagara de Henry Hatahway, apporte beaucoup au film. Lui en homme rongé par le doute, elle meurtrière dont le regard déterminé dissimule mal de multiples fêlures, sociales, sentimentales voire sexuelles qu'exp(l)osera un dénouement particulièrement tendu. A découvrir d'urgence ! (vu le 17.02.2021) ⍖⍖⍖
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