7 juillet 2021

KröniK | Tribulation - Where The Gloom Becomes Sound (2021)




Sans vouloir brosser à nouveau son parcours, il est bon de souligner que Tribulation occupe depuis longtemps une place singulière au sein de la scène death metal suédoise, troquant peu à peu l'orthodoxie caverneuse de The Horror (2013) pour une expression plus gothique sur The Children Of The Night (2015) voire carrément évolutive sur Down Below (2018). Pour autant, on peut penser que son identité est désormais durablement fixée. Ce qui ne signifie pas que les Suédois n'évolueront plus. Preuve en est fournie par Where The Gloom Becomes Sound qui semble reprendre le style épousé par son prédécesseur qu'il prend soin toutefois de travailler. La griffe du groupe demeure toujours aisément identifiable, elle doit autant à l'organe de Johannes Andersson, d'une âpreté glaciale, qu'à cette appétence jamais désavouée pour une dramaturgie lugubre ainsi qu'à ce son très particulier, extrêmement dépouillé, presque livide et pourtant furieusement mélodique. Deux choses frappent d'emblée à l'écoute de ce cinquième effort. La première réside dans le fait que les Suédois ne vont toujours pas mieux, ruminant une mélancolie plus funèbre que jamais. Le titre de l'album ne laissait de toute façon planer aucun doute quant à sa teneur riche en spleen. 




Le suaire désespéré qui recouvre l'amorce de 'In Remembrance', lui-même porte d'entrée de l'opus, monumentale qui plus est, témoigne de cette coloration dont toute trace de joie est éconduite. Seuls quelques pâles rais de lumière ('Elementals' et sa guitare qui décolle très haut vers les cieux) filtrent à travers la roche de ces compositions comme taillées dans un marbre funéraire. L'attention portée aux ambiances, souvent esseulées, à l'image de 'Lethe', instrumental hanté du plus frissonnant effet, participe à la tristesse dramatique engonçant tout du long Where The Gloom Becomes Sound. La seconde tient dans la grande cohérence de l'album, véritable bloc, massif et labyrinthique, dont chaque titre qui le compartimente déroule une identité qui lui est propre. Entre le doom death de 'Dirge Of A Dying Soul' et le gothic dark de 'Leviathans' que recouvre l'ombre de Katatonia, entre les morsures obsédantes de 'Daughter Of The Djinn' et la forteresse aussi implacable que ténébreuse quasi black metal qu'érige 'Funeral Pyre', entre la lenteur douloureuse de 'Inanna' ou la route sinueuse pleine d'ambivalence tracée par 'The Wilderness', l'œuvre brille de mille nuances. Porté par une écriture d'orfèvre, Where The Gloom Becomes Sound impressionne et laisse une profonde empreinte dans la mémoire, véritable somme qui dévide une vaste palette de styles et les thèmes chers aux Suédois, qu'inspirent la mort et toute forme de spiritualité. Tribulation survivra-t-il pour autant à cet album aux allures d'aboutissement ? Rien n'est moins sûr, comme semble l'indiquer le départ du guitariste Jonathan Hultén, membre historique et surtout son principal auteur... (23.01.2021 | MW) ⍖⍖

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