Cette copulation entre Fatima et Seum n'est pas qu'un simple split ni même une collaboration, elle se veut avant toute chose une histoire d'amitié, celle qui unit des musiciens des deux côtés de l'Atlantique se connaissant depuis longtemps et ainsi désireux de mêler leur sang, sous la forme d'un vinyle de préférence. Dont acte. Français et Québécois auraient pu se contenter de cracher un titre chacun et puis s'en vont. Cela aurait quand même suffit à notre bonheur. Mais non, ils ont fait mieux que cela. Quoi de mieux alors pour souligner cette fraternité que de reprendre à tour de rôle une chanson de son compagnon de rondelle ? Et bien leur en a pris car ce choix, que justifie par ailleurs le fait que les deux forces en présence soient dotées d'une forte identité, rend plus jubilatoire encore le fruit de cet emboitage épais à souhait. Le premier contact avec ce 7 pouces est incarné par son fantastique artwork en 3D que signe Gorka Uztarroz et dont le rendu fourmillant de détails ne peut étaler toute sa (dé)mesure sur internet. Voilà pour l'extérieur. Quant au contenu, il se révèle donc tout aussi indispensable. Face A, Seum se frotte au 'Saliva Bath' figurant au menu du récent Turkish Delights. Les Québécois transforment la pâtisserie orientale d'origine en bûche hargneuse. Guitare rongée par la rouille mais qui ne s'interdit pas de mouiller un feeling psyché, basse qui claque, chant biberonné au Destop... Ces trois petites minutes et quelques suffisent au trio pour affoler le compteur Geiger et donner la furieuse envie de (re)plonger dans Summer Of Seum son premier jet. En attendant quelque chose de plus long, de plus dur. De plus lourd.Face B, Fatima coule le 'Raining Bricks' des Canadiens dans son moule grungy mâtiné de fuzz. Avec toujours ce son huileux et la voix enfumée du Antoine, déjà reconnaissable entre mille. Ou presque. Comme leurs lointains cousins, les Parisiens se sont appropriés cette composition qui semble du coup tout droit extraite de leur propre répertoire. Là résident la particularité et la valeur de cette union sous la bannière métissée d'un stoner riche en mélodies et d'un sludge évidemment bourru mais qu'une même expression authentique et dépouillée cimente. (09.02.2021 | LHN) ⍖⍖
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