En 1998 sortait Something Wicked This Way Comes, probablement la pierre angulaire de la carrière du navire américain mené contre vents et marrées par Jon Schaffer. Concept-album ambitieux, le guitariste avait promis qu’une suite verrait le jour. Sentant que Century Media, son label de l’époque, n’était plus guère motivé pour promouvoir correctement le groupe, l’homme décida de reporter ce projet à plus tard, préférant publier un Horror Show plus simple à réaliser. Fort depuis le superbe The Glorious Burden (2004), d’un nouveau label, SPV et d’un nouveau chanteur, Tim Owens (ex-Judas Priest), Schaffer peut aujourd’hui tenir sa promesse. Mais plutôt que de séquelle, parlons plutôt de préquelle pour qualifier Framing Armageddon, premier volet d’un diptyque baptisé Something Wicked. Précédé du EP Overture Of The Wicked, des plus prometteurs, ce nouvel opus marque un retour au heavy puissant, presque méchant par moment, qui a imposé Iced Earth durant les années 90. Ceux qui furent (légèrement) déçus par The Glorious Burden, plus mélodique, seront comblés, quand bien même ils ne manqueront certainement pas de fustiger une fois encore le travail de Ripper Owens, auquel ils lui préfèreront toujours son prédécesseur, Matt Barlow. Pourtant, le mal-aimé chanteur semble aujourd’hui bien plus à son aise. Certes, il n’a pas corrigé ses penchants à singer toujours Rob Halford (“ Overture Of The Wicked ”), mais il s’est calmé, module davantage sa voix, pouvant même nous émouvoir (“ A Charge To Keep ”), ce dont on ne le croyait pas réellement capable.
En dépit de ces qualités, Framing Armageddon n’en reste pas moins un disque tout d’abord difficile à appréhender. Les premiers écoutes se révèlent ainsi décevantes. Les titres sont courts, banals à premières vues. Puis peu à peu, ils se dévoilent, aidés déjà par des arrangements soignés, discrets et efficaces (“ Overture ”, les claviers comme échappés des seventies sur le gigantesque “ The Domino Decree ”). Les liens avec l’aîné, bien que visibles, sont glissés, utilisés avec intelligence (“ Cataclysm ”, introduit par les notes égrenées par “ The Prophecy ”). Encadrés par des intermèdes particulièrement réussis, tous les morceaux sont de purs bijoux d’écriture, d’une simplicité trompeuse, emmenés par les riffs plombés du grand Jon, sans doute avec Jeff Waters, le meilleur guitariste rythmique du circuit. Son jeu est immédiatement reconnaissable (“ When Stars Collide ”). Il a su pourtant cette fois, le renouveler, comme l’illustre “ Something Wicked Part 2 ” et son ambiance flamenco ou l’épique “ The Clouding ”, longue pièce pour le moins surprenante, illuminée par un final dantesque, sans doute l’orgasme ultime de cette galette en tout point digne d’éloge. A l’arrivée, Framing Armageddon s’impose comme une des œuvres majeures de la Terre Glacée, qui remet sur de bons rails la destinée du groupe après quelques années incertaines. Le retour, depuis, du fils prodigue Matthew Barlow devrait nous promettre encore de très grandes choses et laisse augurer du meilleur pour le second pan. Immense. (24/03/08) ⍖⍖⍖
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