Quand on est un fidèle adorateur de la chapelle black metal française, il est impossible d'ignorer le nom de Fog, activiste passionné et passionnant, à la fois musicien (derrière les fûts le plus souvent mais pas que), compositeur et boss du label Ossuaire Records. Le nombre de ses projets, actuels ou passés, est épais comme le Bottin. Parmi ceux-ci se détachent notamment le défunt Angmar et Cénotaphe. Aeterna Tenebrae vient aujourd'hui enrichir cette liste. S'il est permis de s'interroger quant à l'utilité pour un artiste de mener de front ou de besogner autant de groupes à la fois, lesquels prêtent, qui plus est, quasiment tous allégeance au black metal, chacun d'entre eux possède toutefois sa raison d'être, optant pour une expression sensiblement différente de celle retenue par ses compagnons de route. Ainsi, Aeterna Tenebrae fournit au batteur l'occasion de galoper sur les terres d'un art noir épique et médiéval, très éloigné en cela de l'approche plus death d'un Mass Appeal Madness ou plus orthodoxe d'un Norman Shores, pour ne citer que deux autres entités qui occupent actuellement notre gaillard. Pour lui, cet énième projet scelle aussi l'alliance avec le guitariste BC (Vergos Dî Noctis) à la discographie plus modeste.
Ecrit à quatre mains, Maledictus Aeternum est le fruit de leur duo. La musique a été écrite par le six-cordistes (qui assure également la basse et les claviers), les paroles, empreintes d'une poésie sinistre et hivernale, par le cogneur. Orné de reliques moyenâgeuses, 'Les flammes de Pluton' nous propulse d'emblée dans une époque lointaine, règne d'un obscurantisme séculaire que tracent des guitares pierreuses gorgées de mélodies aussi incisives que venimeuses. Amorce d'un album trapu, cette saillie se pare lors de son final d'une ambiance de culte païen. Les cinq autres titres sont taillés dans la même écorce, compos torrentueuses, froides comme l'eau d'une rivière gelée mais qui tout du long creusent des morsures dans la chair et dans l'âme. 'Horniest Patronis' et 'L'évêché maudit' tourbillonnent pour entraîner le pèlerin sur le chemin de la sorcellerie en une sarabande ténébreuse que guident d'inquiétantes silhouettes encapuchonnées comme échappées du Septième sceau de Bergman. Voisinant avec les dix minutes au compteur, 'Maledictus Fetus Aeternum' et 'Destruction salutaire' percent de vastes paysages, oins d'une majesté enivrante. Rapide, le tempo ne s'interdit jamais de briller d'un éclat furieusement mélodique qui rend l'écoute confortable. Il en résulte une oeuvre à l'ancienne, simple dans le bons sens du terme, l'enrobage sonore authentique et épuré, le style héritier d'une longue tradition hexagonale. Captant l'atmosphère obscure et apocalyptique d'un Moyen Âge englué dans les ténèbres, Maledictus Aeternum libère les forces entêtantes d'un black metal sombre mais toujours mélodique. (31.01.2021 | LHN) ⍖⍖
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