Eternel Freddy, Robert Englund a, comme beaucoup d'autres acteurs, tâté de la mise en scène et, comme beaucoup d'autres encore, abandonné assez vite cette expérience de dilettante. Il n'est ainsi crédité que de quatre réalisations dont deux épisodes de la série Freddy, le cauchemar de vos nuits. Sans surprise, ses incartades derrière la caméra ne l'ont pas éloigné de l'horreur, comme l'illustre 976-Evil (La ligne du diable en français). Bien qu'auréolé du succès rencontrés par Les griffes de la nuit (Wes Craven - 1984) et ses séquelles, cette première tentative datée de 1988 ne semble pas avoir suscité le même engouement tant critique que commercial. Ce qui n'a pas empêché l'un des princes du nanar, Jim Wynorski, de surfer sur sa maigre renommée pour tailler dans son (bon) sujet une suite, trois ans plus tard. Si Robert Englund limite la casse en terme de mise en scène (le meurtre dans les toilettes des vestiaires est plutôt bien foutu), sa direction d'acteur laisse en revanche davantage à désirer, ce qui est étonnant venant d'un comédien. Sandy Dennis est en roue libre en mère partagée entre ses chats et le Christ alors que ni Stephen Geoffreys (Hoax) ni Patrick O'Bryan (Spike) ne livrent non plus une prestation attachante. Lezlie Deane en petite amie un peu paumée, ne manque toutefois pas de charme. Une photographie qui hésite entre le terne et les couleurs clipesques à la mode ainsi qu'une dernière partie qui sombre dans l'outrance sont à rajouter au passif de 976-Evil. Pourtant, celui-ci offre un spectacle qui jamais n'ennuie, ce qu'il doit à un astucieux scénario, écrit en partie par Brian Helgeland, qui signera plus tard ceux de L.A. Confidential (Curtis Hanson - 1997) et deux Clint Eastwood, Créance de sang (2002) et surtout Mystic River (2003). Il imagine un sujet très faustien où un gamin, souffre-douleur et probable puceau, reçoit les pouvoirs du diable lui-même après avoir composé le numéro de téléphone de l'horrorscope. S'en suit alors une quête vengeresse qui voit le jeune mal dégrossi non seulement bénéficier de la force démoniaque de son protecteur mais aussi se transformer au gré d'une emprise grandissante sur son corps et sa voix, jusqu'à être totalement possédé par le malin. A l'arrivée, 976-Evil s'impose comme une petite bobine gentiment horrifique qui porte dans sa chair la marque du cinéma fantastique des années 80. (vu le 15.02.2021) ⍖⍖
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