6 juillet 2021

CinéZone | Edward Dmytryk - Alvarez Kelly (1966)




Le générique chanté de Alvarez Kelly suffit d'emblée à nous rappeler qu'au milieu des années 60, le western américain est moribond. Emportés par le vent démythicateur de l'époque, les réalisateurs "classiques" tentent alors de s'adapter avec plus ou moins de bonheur en usant de l'ironie et en  recrutant des héros à la moralité douteuse, davantage mus par l'appât du gain et les femmes que par une noble cause. Mais en 1966, un western comme Alvarez Kelly semble déjà dépassé, bien en peine de trouver son public avec sa tiède modernité. De fait, il ne possède pas la puissance crépusculaire des travaux de Sam Peckinpah tandis que ses protagonistes se révèlent encore trop proprets comparés aux tueurs mal rasés des bandes italiennes qui commencent à déferler sur les écrans. Et de leurs côtés, les puristes du genre ne manqueront pas de juger sévèrement ce film de Edward Dmytryk dont la richesse de La lance brisée ou la flamboyance de L'homme aux colts d'or sont diluées dans un brouet goguenard et sans noblesse. On pense alors pouvoir se rattraper avec la rencontre entre deux géants de l'Ouest. Las, celle-ci est loin de faire les étincelles escomptées. Le personnage interprété par William Holden est agaçant et Richard Widmark se positionne en retrait, même si c'est encore une fois vers lui que tend notre préférence. Pour autant, Alvarez Kelly n'est pas désagréable. Dmytryk connait toujours son métier, le sujet est original (la question du bétail et de la nourriture qui revêt une importance stratégique)  et le fait de noircir le portrait des Nordistes, qu'incarne ce capitaine jouant au petit soldat (Patrick O'Neal), face à des Sudistes débraillés mais sympathiques, est étonnant sinon singulier dans un cinéma américain qui a depuis longtemps choisi son camp, celui du Bien et donc des Yankees ! La charge finale du troupeau rachète une partie centrale bavarde où les rôles féminins s'invitent à l'écran pour ensuite le déserter sans que l'on sache trop pourquoi. Aussi plaisant qu'inodore, Alvarez Kelly se révèle symptomatique du déclin du western américain (Peckinpah ou Penn font figure d'exception) dans les années 60, produit souvent hybride qui hésite entre une certaine tradition et la violence apportée par le renouveau européen.  (vu le 06.02.2021) ⍖⍖



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