Avocat de formation, André Cayatte a utilisé le cinéma pour ausculter les rouages de la justice (Nous sommes tous des assassins - 1952, Verdict - 1974), dénoncer la peine de mort (Avant le déluge - 1954) ou exposer la mise au ban d'un enseignant accusé - à tort - de pédophilie (Les risques du métier - 1967). Tourné entre A chacun son enfer (1977) et L'amour en question (1978), La raison d'Etat est son avant-dernier film destiné aux salles obscures. Il s'attaque cette fois-ci à la politique-fiction pour pointer du doigt les manoeuvres louches et pour le moins contestables de la France, au cas particulier, qui commerce des armes de manière illégale et n'hésite pas au nom de la raison d'Etat à abattre ceux qui cherchent à alerter l'opinion publique à ce sujet. Cayatte ne manque pas de courage (il serait intéressant de voir comment son film a été reçu à l'époque) mais il sacrifie sa mise en scène sur l'autel d'une dénonciation qui ne fait guère dans la dentelle. Entre la collaboratrice du professeur assassiné, pétrie d'idéaux et le fonctionnaire d'Etat sans scrupules et sans morale, le scénario n'évite jamais le manichéisme. Mais peut-être celui-ci est-il nécessaire pour frapper les esprits ? Toujours est-il que La raison d'Etat a au moins le mérite d'évoquer, non sans efficacité ni cynisme, la question de la vente d'armes à des pays politiquement fragiles, par des gouvernements représentés de façon tentaculaire et quasi occulte. Il peut en outre s'appuyer sur une distribution en béton (armé) qu'incarnent la belle Monica Vitti, un Jean Yanne idéal dans la peau d'une crapule et les toujours indispensables François Perier et Michel Bouquet, glaçant en homme de l'ombre. (vu le 12.02.2021) ⍖⍖
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