16 juin 2021

KröniK | Soul Dissolution - Winter Contemplations (2020)




Au moment où sont écrites ces lignes, nous sommes la veille de la Saint Sylvestre et la neige tombe. Nous ne pouvions donc rêver album plus opportun à découvrir que le bien nommé Winter Contemplations. Toutefois, ceux qui ne connaîtraient pas encore Soul Dissolution et  que le titre de cet opuscule ou la présence du bassiste de Marche Funèbre dans les rangs du groupe belge, auraient ferré, en seront peut-être pour leur frais. De black metal vraiment dépressif ou de complaintes funéraires, il n'est point question ici. A leur place, c'est un art noir plus atmosphérique que suicidaire qui étale son architecture mélancolique. Mais l'étiquette "post black" lui va bien aussi, promesse d'une noirceur qui ne l'est (malheureusement) pas tant que cela. On décèle chez Soul Dissolution une appétence pour le sirupeux voire le mielleux qui agace et freine notre enthousiasme à son égard. Le trio maîtrise pourtant admirablement son sujet et le matériau qu'il sculpte ne saurait susciter la moindre réserve tant pour son écriture soignée que pour son exécution ad hoc. En cela, EP qui s'étire tout de même sur près de vingt-cinq minutes, Winter Contemplations est une œuvre élégante, tavelée de lueurs neigeuses que les amateurs d'un post black moins rageur qu'intimiste ne pourront que goûter à sa juste valeur. 



Depuis Pale Distant Light (2016) puis Stardust (2018) qui les ont imposés parmi les plus solides ambassadeurs du genre, Jabawock (Boris Iolis), Acharan et Threnos font preuve d'une immuable habileté à tisser des compositions fleuves, pièces tout en progression où la dureté des traits se conjugue à une pale tristesse. Sans se départir d'une identité froide et cependant chaleureuse, les Belges adoucissent quelque peu leur propos à l'occasion de ces deux titres engourdis par la neige. L'hiver leur inspire un art désenchanté où les regrets l'emportent sur la colère. Winter Contemplations évoque des paysages drapés d'un manteau blanc que l'on sillonne seul, âme solitaire errant le long d'un chemin introspectif ('La dernière tempête'). Les orchestrations, d'une emphase quasi cinématographique, qui sertissent 'Where The Clouds Stand Still' participe de cette approche plus dramatique que désolée, ce que soulignent des guitares engluées par les larmes. Seul le chant, creusé dans la roche, tempère cette délicatesse par sa rudesse abrasive. Comme son titre le suggère, Winter Contemplations est un opus à l'ambiance posée, presque intime, propice à un voyage intérieur bordé par des étendues endormies par l'hiver. Ses atours un peu mièvres peuvent contrarier mais force est de reconnaître que Soul Dissolution affirme par le biais de ce court album aux allures de pause rêveuse, encore davantage son joug au sein de cet art noir aux confins du post black et de l'école dépressive. (30.12.2020 | LHN) ⍖⍖

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