3 juin 2021

KröniK | Belphegor - Necrodaemon Terrorsathan (2000)




Les amateurs de black metal du dernier rang seraient tentés de confondre Necrodaemon Terrorsathan avec un nouveau méfait de Belphegor. En fait, il n'en est évidemment rien puisque l'objet que Nuclear Blast vomit dans son étal en cette fin d'année 2020 n'est que la réédition du troisième album des Autrichiens, manière de célébrer les vingt ans de cette hostie maléfique. Pourquoi celle-ci plutôt que The Last Supper ou Blutsabbath qui l'ont précédée ? Dernière offrande de Belphegor à être enfantée pour le compte d'un modeste label, Last Episode, désormais disparu, avant qu'il ne soit hébergé chez Napalm Records puis Nuclear Blast donc, lui ouvrant alors la voie vers une exposition plus large, Necrodaemon Terrorsathan compte sans aucun doute parmi les albums les plus représentatifs du style bétonné par Helmuth et ses amis. S'il ne se distingue guère de ses deux prédécesseurs, l'opus dévoile alors un groupe toutefois plus acéré encore, fixant les canons de ce black death qui ne fait jamais dans le point de croix (renversée). La finesse n'a jamais été la qualité première des Autrichiens qui ont toujours préféré l'agression bas du front aux complications tant esthétiques que conceptuelles. En cela, la délicieuse pochette de ce troisième baquet de sang en dit plus long sur le contenu dont elle est l'écrin au parfum de stupre et soufre que d'interminables arguties. Une fille nue, couchée les jambes écartées, qu'on devine s'ouvrir pour un bouc, voilà qui résume bien le propos de Belphegor pour qui le satanisme et la sexualité la plus bestiale ont toujours servi de combustible. 




Il va sans dire que la musique est à l'avenant. Dépoussiérée, l'œuvre n'a rien perdu de sa blasphématoire brutalité. Dressant une diabolique turgescence, le groupe nous invite à un viol ininterrompu à grands coups de blasts supersoniques et de crachats fielleux et barbares que la dextérité des musiciens rend ainsi plus intense et infâme encore. De timides mélodies ('Cremation Of Holiness') et le suint sinistre d'atmosphères plus prégnantes que sur The Last Supper et Blutsabbath ('Vomit Upon The Cross') brisent quelque peu la lassitude qu'il est cependant permis de ressentir à l'écoute de cette boucherie diabolique dont on ne retient au final pas grand-chose si ce n'est l'impression de s'être fait déchirer la rondelle pendant trente-cinq minutes au garde-à-vous. Belphegor a quelque chose d'un Panzer moissonnant les cadavres dans les profondeurs d'un charnier baignant dans un foutre impie. Reste qu'on préfère à Necrodaemon Terrorsathan un Lucifer Incestus (2003) qui décharge la même recette avec une efficacité décuplée ou bien un Walpurgis Rites - Hexenwahn (2009) qui verra les Autrichiens afficher un visage plus sinueux, perforé de cratères aux ambiances pesantes. Dans tous les cas, cette réédition permet de rappeler que Belphegor faisait déjà beaucoup de bruit il y a vingt ans, leader d'un black death inusable, aussi vicieux que destructeur. (20.12.2020 | MW) ⍖⍖


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