14 juin 2021

KröniK | Asphyx - Necroceros (2021)



Martin van Drunen a 54 ans. Quand nombre de types de son âge ont depuis longtemps levé le pied, se préparant doucement à la retraite, lui continue de cracher du death metal. Et du lourd en plus. Du belliqueux, pas du mélodeath pour ados prépubères. Pourquoi s'arrêterait-il de toute façon lui qui, avec sa voix râpeuse comme frottée avec du papier de verre, est considéré comme une légende, souvent imité mais jamais égalé. L'entendre vomir ses boyaux demeure toujours un plaisir qui ne se refuse pas. Alors quand Asphyx, le groupe dont il est le chanteur depuis trente ans avant d'en prendre les commandes, revient arracher la tapisserie de notre chambre, on s'agenouille pour accueillir l'hostie au goût de cendre et de mort. Depuis 2007 et leur résurrection, les Bataves n'ont jamais déçu. Il n'y a donc pas de raison que cela change avec Necroceros. Plus de quatre ans qu'on l'attendait celui-là, c'est dire avec quel empressement nous nous sommes jetés corps et (surtout) âme dans ses viscères ensanglantés. Premier constat, le son est énorme, d'une dureté minérale, véritable bunker dressé dans les profondeurs des Enfers. Ça claque et fait trembler les murs comme le death metal devrait toujours s'y employer. Suivant une habitude éprouvée mais ô combien efficace, Asphyx fait fi des préliminaires, au risque de déchirer les muqueuses, débitant d'entrée de jeu une de ses saillies brutales dont il conserve le secret. 




Certes moins barbare que 'Candiru' qui lançait les hostilités sur Incoming Death (2016), 'The Sole Cure Is Death' n'en défouraille pas moins sévère sans pour autant s'interdire d'abyssales décélérations qui l'entraînent dans les entrailles sinistres de l'horreur. Ces quatre minutes donnent le ton d'un album frappé du sceau d'un death spartiate plus doom que jamais. Ce dont nous ne nous plaindrons pas, bien au contraire. D'un menu tendu comme le foc d'un navire, les blitzkriegs ne sont pas tout à fait absents, le radical 'Botox Implosion', premier extrait de Necroceros, ou le plus accrocheur 'Yield or Die' en témoignent mais ils doivent se sentir bien seuls au sein d'un ensemble qui privilégie les lourds assauts aux rapides agressions. Même de courtes cartouches de l'acabit de 'The Nameless Elite' ou 'Knights Templar Stand' sont prisonnières d'une épaisse couche de mazout qui les cloue au sol. Que dire alors des longs et reptiliens 'Three Years Of Famine', 'In Blazing Oceans' ou le terminal 'Necroceros', lesquels écartent les lèvres rocailleuses de la terre, ouvrant alors un gouffre cyclopéen dont les parois conduisent directement au Tartare. Cette force aussi rampante qu'implacable n'empêche néanmoins pas 'Motlen Black Earth' et plus encore 'Mount Skull' de donner un grand coup d'accélérateur pour un résultat d'une rudesse féroce. Si la performance de Martin van Drunen est toujours un régal, ses trois compères ont toute leur part dans l'érection de cette pesante forteresse souterraine. S'il ne cherche nullement à rénover sa signature toujours reconnaissable entre mille, Asphyx régurgite l'album qu'on attend de lui, tranche intemporelle de death doom funèbre et autoritaire, sans réelle surprise peut-être mais d'une évidente efficacité. Et tant pis s'il nous faudra sans doute patienter encore quatre ans avant d'affronter son successeur car nous voilà équipés pour longtemps en munitions sévères et morbides. (29.12.2020 | MW) ⍖⍖⍖

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